Auteur : Julie Henry

Marine BEDON, Jacques-Louis LANTOINE (dir.) : L’Homme et la brute au xviie siècle. Une éthique animale à l’âge classique ?, Lyon, ENS Éditions, 306 p.

C’est un ouvrage revigorant que nous proposent les treize auteurs rassemblés ici, offrant des analyses rigoureuses et engagées qui mettent en perspective et reviennent de façon réflexive sur un sujet dont on parle aujourd’hui beaucoup, l’éthique animale. Pour ce faire, l’ouvrage est organisé en quatre parties qui cheminent d’une relecture de la référence cartésienne (« Des machines qui crient », 1re partie) aux usages contemporains de l’âge classique (4e partie), en passant par les analogies et métamorphoses venant inquiéter les frontières entre homme et bête (2e partie) et, à partir des références hobbesiennes et surtout spinoziennes, par une analyse du « droit réciproque de s’entre-dévorer » (3e partie).

Mais avant cela, Marine Bedon et Jacques-Louis Lantoine nous proposent une introduction riche et enlevée, qui contextualise avec beaucoup de justesse et d’intelligence la question posée dans cet ouvrage : peut-on penser, au sein de ou depuis l’âge classique, des fondements et critères susceptibles de régir moralement ou juridiquement les relations entre les hommes et les bêtes ? Ils relèvent ainsi combien la figure cartésienne de l’« animal-machine » a pu servir de repoussoir, au point que sa dénonciation morale comme source théorique d’une exploitation destructrice des animaux par les hommes est devenue un lieu commun de l’éthique animale. À partir de là, les deux auteurs reviennent sur certains raccourcis (comme l’assimilation de l’âge classique au cartésianisme) et re-contextualisent ce que l’on considère aujourd’hui comme une exigence morale (« une certaine disposition morale » caractérisant « les hommes d’aujourd’hui » et « d’un certain milieu socio-culturel », p. 27). L’objectif assigné à cet ouvrage est alors double : « mettre en évidence le caractère historique des problèmes, tout en marquant une certaine constance de la nature humaine dans l’inquiétude théorique et, sinon éthique, du moins pratique et affective, qu’elle éprouve face à et pour la bête » (p. 28).

Nous ne pouvons qu’inviter les lecteurs à prendre connaissance des différents articles, auxquels nous ne saurions rendre justice individuellement dans le cadre de cette recension. Signalons tout de même que les quatre premiers articles reviennent avec grande utilité sur la caricature ou les usages détournés qui ont pu être faits de la conception cartésienne du corps animal, mais aussi sur les critiques – pour des raisons majoritairement théologiques et non morales – qui ont été faites à ce modèle dès l’âge classique. Sans compter, pour reprendre la remarque de R. Andrault, que « c’est accorder beaucoup à une thèse, ou plutôt à une doctrine énonçable en quelques mots, […] que de lui imputer la pratique massive de la vivisection ». Les trois articles suivants montrent comment le jeu avec les frontières humain/bête confère principalement à l’animal un rôle de miroir, qu’il s’agisse de considérer les mœurs animales comme modèles ou comme faire-valoir des comportements humains. Puis quatre articles constituent des variations autour du thème « pas de pitié pour les bêtes » ! Il n’y a pas d’éthique animale chez Hobbes ou Spinoza si on entend par là des devoirs des hommes envers les animaux : hommes et animaux ont réciproquement les uns sur les autres autant de droit que de puissance. Enfin, les deux derniers articles, loin de se perdre en anachronismes, se proposent, pour reprendre les termes de Margaux Dubar, de « remettre en contexte les sources intellectuelles et historiques [des textes classiques], sans s’interdire d’en tirer des concepts et des enseignements pour des enjeux contemporains » (p. 248) : se conditionner à soutenir la cause animale avec Pascal ou élaborer une éthique écologique d’après Spinoza.

Ces contributions nous permettent ainsi tout à la fois de relire dans le texte les philosophes du XVIIe, et de porter un regard neuf, argumenté et réflexif sur la manière dont est traitée la question animale de nos jours. En cela, cet ouvrage constitue un bel exemple de la manière dont les enjeux d’aujourd’hui peuvent être éclairés par une lecture de grands textes de l’histoire de la philosophie, et nous rappelle au passage, si besoin et avec réussite, que précision et rigueur de la pensée d’une part et engagements éthiques, sociaux et/ou politiques d’autre part ne sont pas antinomiques – bien au contraire, les uns et les autres s’alimentent réciproquement.

Julie Henry

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Pour citer cet article : Marine Bedon, Jacques-Louis Lantoine (dir.) : L’Homme et la brute au xviie siècle. Une éthique animale à l’âge classique ?, Lyon, ENS Éditions, 306 p., in Bulletin de bibliographie spinoziste XLV, Archives de philosophie, tome 86/4, Octobre-Décembre 2023, p. 187-216.

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Chantal JAQUET (dir.), « Obéissance et rébellion chez Spinoza », Revue internationale de philosophie, 1, 125 p.

Cet ouvrage collectif, qui entend explorer les différentes facettes de l’obéissance et de la rébellion chez Spinoza depuis des contributions riches et variées, commence par une belle introduction de Chantal Jaquet posant de façon claire et féconde les données du problème. Relevant à juste titre qu’aujourd’hui « on parle plus volontiers du citoyen que du sujet », ce qui permet au passage de « masquer la vérité de la soumission, voire de la domination qui est au cœur de l’appareil d’État » (p. 5), Ch. Jaquet met en exergue le problème au cœur de cette question : si le statut du sujet réside dans l’obéissance, voire dans une obéissance absolue, n’y aurait-il pas qu’un pas de la sujétion à la servitude ? Se pose alors de façon aiguë la question de la nécessité de la subordination politique mais aussi de ses limites, ainsi que celle de la possibilité de la résistance. Ce sont ces questions qui animent cet ouvrage, et que Ch. Jaquet introduit par une étude mettant en regard le sujet hobbesien (et son abandon du droit de résister) et les sujets spinozistes (ou le maintien du droit de résister), toute la difficulté tenant à ce que, « entre l’utile commun et ce que le commun croit utile, il y a toute la marge qui existe entre la délibération rationnelle et la corruption du jugement » (p. 16). Marion Blancher commence ainsi par se demander quel sens pourrait prendre une forme d’obligation, quand bien même Spinoza « semble refuser de fonder l’obéissance sur une obligation rationnelle que les hommes seraient censés suivre » (p. 19) : il s’agit alors d’étudier l’obéissance comme « phénomène humain » (p. 20) et de conférer à la prescription un sens instrumental, à l’image de la mobilisation d’une idée de volonté que Spinoza admet pour l’usage de la vie.

S’ensuivent alors trois articles portant sur les causes de l’obéissance et de la désobéissance, ainsi que sur les rôles respectifs des affects et de la raison face à des ordres absurdes. Celui de Francisco Javier Espinosa Antón questionne ce que peuvent l’individu et la multitude face aux lois dans les « cas intermédiaires » de la « vie réelle » (p. 39) qui ne correspondent ni à une situation totalement démocratique, ni à une puissance illimitée du souverain. Un article de Ch. Jaquet s’attelle ensuite à délimiter les justes contours du rôle de l’indignation (à laquelle on ne peut conférer un rôle constitutif, mais seulement de limite négative) et établit que c’est en vertu du droit de guerre et non d’un droit civil que les sujets peuvent se liguer contre un État qui transgresse les lois communes. Enfin, Ariel Suhamy s’interroge sur ce que pourrait être une « juste colère » là où l’obéissance se doit d’être absolue, même aux ordres les plus absurdes. Dirigée contre des lois et non contre le souverain, elle souligne « les limites du pouvoir qui, en réalité, se détruit potentiellement lui-même en donnant des ordres absurdes » (p. 76) : si l’absurdité est légitime, elle est bien imprudente…

Ce collectif se clôt par deux articles qui reprennent alors à nouveaux frais les questions de la liberté et de la libération mises en jeu par l’obéissance et la rébellion. Laurent Bove renverse tout d’abord la perspective en faisant de l’obéissance non pas un principe mais « un effet de la bonne organisation de l’État, c’est-à-dire de sa prudence intrinsèque » (p. 106) et en lui préférant la notion affective et effective de la fidélité, « confiance en la puissance d’affirmation et de résistance du Corps politique lui-même » (p. 107) et non confiance en un particulier. En regard, Gérard Bras questionne les raisons pour lesquelles une multitude se rebelle contre le souverain, ce qui « relève d’une science de l’histoire et non d’un jugement axiologique » (p. 110) ; l’enjeu (vital et non moral) est alors de ne pas susciter un sentiment d’injustice, « politiquement désastreux » (p. 14) en ce qu’il constitue une puissance destituante plus que constituante, et détruit le lien politique.

Cet ouvrage est ainsi particulièrement salutaire et stimulant, tant dans la reprise réflexive qu’il propose de textes spinozistes ayant donné lieu à des interprétations divergentes au fil de l’histoire du commentaire spinoziste, qu’en regard de la visée qu’il se donne de « nourrir de manière singulière la pensée politique des contemporains et [d’]infléchir la tendance actuelle à valoriser la rébellion et dévaloriser l’obéissance, au lieu de les comprendre » (p. 17).

Julie HENRY

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Pour citer cet article : Chantal JAQUET (dir.), « Obéissance et rébellion chez Spinoza », Revue internationale de philosophie, 1, 125 p., in Bulletin spinoziste XLIV, Archives de philosophie, tome 85/4, Octobre-Décembre 2022, p. 205-230.

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Vincent LEGEAY : « Être apte » chez Spinoza. Histoire et significations, Paris, Classiques Garnier, collection Les Anciens et les Modernes – Études de Philosophie, 16, 414 p.

L’Auteur nous propose dans cet ouvrage un parcours historique, interprétatif et pratique de ce qu’est « être apte » selon Spinoza, en tentant de « comprendre l’adjectif [non substantivé] aptus dans sa grammaire propre » (p. 57). Nous assistons ainsi à la construction d’un concept dont la compréhension se trouve ajustée au fil des problèmes, enjeux et hypothèses interprétatives soulevés. S’appuyant sur une excellente connaissance de la littérature secondaire, qu’il réinscrit elle aussi dans une histoire d’ailleurs, l’A. se propose d’établir la genèse de l’assimilation de l’aptitude à la potentia, d’en mesurer les effets interprétatifs à long terme et de construire une autre voie de compréhension philosophique et biologique de cette notion, à la manière d’un Stephen J. Gould en paléontologie, de même qu’il permet de comprendre autrement la question de l’adaptation.

L’A. commence ainsi par réinscrire dans son histoire longue l’adjectif aptus, depuis sa conceptualisation latine dans la traduction de l’Isagogè par Boèce, et établit ce faisant les bases de ce qui n’est pas une définition essentielle mais bien plutôt la description coextensive d’une façon d’être en propre. La « tension entre une caractérisation singulière, au plus près, et une nécessité de prendre en compte ce qui paraît extérieur à la chose » (p. 360) traverse – voire, dirions-nous, anime – de part en part la recherche mise en œuvre et les pistes interprétatives proposées mais aussi constamment mises à l’épreuve à la fois des textes (dans une démarche philologique rigoureuse) et des enjeux émergents (dans une démarche philosophique problématisée et pratique).

Ce qui est ainsi intelligemment mis en lumière, c’est donc la manière dont Spinoza décrit et comprend la singularisation des individus par l’usage des circonstances, fussent-elles contrariantes. En ce sens « l’aptitude s’accommode très bien de la contrariété, et même l’utilise » (p. 242) au lieu de simplement l’éviter. C’est là ce que l’A. appelle la dimension alimentaire de l’aptitude, qu’il rapporte plus à un « avantage biologique » (p. 365) – d’où les parallèles avec des notions fondatrices de cette science – qu’à une supériorité anthropologique : « l’aptitude ne vise en aucun cas le maximum ou l’achèvement individuel, bien qu’elle semble y “tendre” mécaniquement » (p. 286). Nous y voyons une bonne occasion de reprendre le débat sur la pertinence d’une « anthropologie spinoziste », ou comment ne pas la figer en une définition essentielle tout en reconnaissant son référencement distinctif : « trait reconnaissable et caractéristique de certains individus très composés » (p. 38), l’aptitude se révèle ainsi selon l’A. « décisive mais non décisoire » (p. 86).

Le fait de se distinguer et de se rendre supérieur (praestantia) est alors expliqué par le travail de la tension entre un individu fini et la contrainte infinie d’une nature qu’il doit pouvoir utiliser (voire renverser) pour accroître son aptitude. C’est donc là le rôle explicatif de l’adjectif aptus, que l’A. qualifie d’ « auxiliaire technique de la notion de “nature” » (p. 138) : elle est comparative et elle est classificatoire. En cela, elle se présente comme « instauration d’un maximum et non comme restauration d’un optimum » (p. 185). Nous apprécions ainsi grandement la manière qu’a l’A. de poser des questions sans concession, de progresser de problèmes en problèmes et de tenter de comprendre en profondeur et en extension ce qui se joue dans la reprise, l’usage et l’appropriation de cette notion trop peu étudiée.

Peut-être regretterons-nous simplement, dans ce riche parcours, que les prolongements en sciences naturelles et en biologie, pourtant plusieurs fois annoncés dans ce livre, n’y aient déjà été esquissés plus avant – nous restons ainsi un peu avec le sentiment d’un suspens qui ne trouve pas son terme. Mais cela ne fait que témoigner du désir de poursuivre cette aventure conceptuelle, l’A. annonçant d’ailleurs en conclusion que la ligne qu’il vient d’esquisser « doit être continuée dans un futur ouvrage ». Nous attendons donc désormais de retrouver la suite de cette histoire scientifique et philosophique d’un même mouvement, dans l’advenue (comme héritage notionnel) et le devenir contemporain des notions biologiques de pression, d’auto-organisation, de complexité et de milieu, en espérant y lire également une version étoffée et thématisée de la démarche méthodologique très stimulante mise en œuvre dans ce premier ouvrage.

Julie HENRY

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Pour citer cet article : Vincent LEGEAY : « Être apte » chez Spinoza. Histoire et significations, Paris, Classiques Garnier, collection Les Anciens et les Modernes – Études de Philosophie, 16, 414 p., in Bulletin de bibliographie spinoziste XLIII, Archives de philosophie, tome 84/4, Octobre-Décembre 2021, p. 181-218.

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Charles RAMOND : Spinoza contemporain. Philosophie, Éthique, Politique, Paris, L’Harmattan, 2016, 496 p.

Cet ouvrage rassemble vingt-deux articles de l’auteur, soit profondément remaniés depuis leur première publication, soit nouvellement écrits, et qui ont été ordonnés de manière à retracer toute une trajectoire intellectuelle et singulièrement spinoziste parcourue depuis 1998 – date de parution du précédent recueil. La visée est annoncée dès l’Avant-propos : le « Spinoza contemporain » sera le Spinoza « qui inspire à distance une entreprise philosophique abordant aujourd’hui des questions inconnues à l’âge classique en essayant d’en maintenir la radicalité » (p. 17). C’est à ce Spinoza que s’intéresse l’A. depuis sa perspective qu’il qualifie lui-même de radicalement « immanentiste-quantitative » (p. 408), exposée dans sa thèse Qualité et quantité dans la philosophie de Spinoza et dont il tire depuis avec constance tous les fils, y compris ceux qui viendraient titiller nos valeurs et croyances les plus affermies.

Dans la première partie de l’ouvrage, l’A. revient sur quelques conceptions « archi-fameuses » du spinozisme (ne pas rire mais comprendre, nature naturante et nature naturée, etc.) et sur le conflit des interprétations auquel elles ont pu donner lieu, dans l’idée de rouvrir et réinterroger ce qui est trop bien connu ou trop bien pensé… L’idée est ainsi de mettre au jour la part de vérité et la part d’ombre des commentaires, mais également du spinozisme lui-même. Cette partie est d’ailleurs l’occasion pour l’A., au détour d’un article sur Deleuze lecteur de Spinoza, de préciser sa propre conception (et pratique) de l’histoire de la philosophie. Face à la « dimension impérative (au sens d’impérieuse) » (p. 145) du style deleuzien, qui viserait avant tout à protéger la doctrine de Spinoza, l’A. se réclame d’une tradition cherchant plutôt « à mettre en évidence les fragilités ou les difficultés des philosophies », estimant plus fécond de « déceler les impasses des systèmes et [d’]en rendre raison » (p. 152).

C’est précisément le projet qui sera mis en œuvre dans les parties suivantes, fût-ce en bousculant au passage quelques certitudes de commentateurs (Spinoza penseur de l’éternité) ou quelques valeurs bien-pensantes communément admises (telles l’égalité des chances et la méritocratie). Ainsi, dans la deuxième partie du recueil, l’A. affirme notamment que « l’aspiration à l’immortalité devrait être considérée comme l’horizon normal de la philosophie de Spinoza » (p. 224), en tant que « prolongation si possible infinie de la vie que nous menons ici et maintenant ». Et ce quand bien même cela pourrait sembler vulgaire aux commentateurs, en ce que « demander une vie plus longue, ce n’est ni original ni raffiné » (p. 227) : l’A. n’y voit qu’un préjugé de philosophes, selon lequel le quantitatif serait toujours plus prosaïque que le qualitatif.

Ce procédé est réitéré dans la troisième partie sur des thématiques issues du Traité théologico-politique. Ainsi par exemple à l’occasion d’une relecture de ce qu’est selon Alexandre Matheron le processus politique (dans lequel l’unification externe, moment politique, n’est que le préalable de l’unification interne, moment rationnel). La thèse de l’A. est que, poussé dans sa logique, A. Matheron devrait en arriver à affirmer inversement « la présence effective de cette rationalité dans la politique elle-même » (p. 246), quand bien même les institutions politiques seraient « des structures tournées d’abord vers la pratique et la régulation des comportements, plutôt que vers la théorie et la rectitude des pensées » (p. 246). Un comportement réglé serait de fait déjà rationnel en ce que l’équilibre qu’il permet de maintenir est l’expression d’une non-contradiction logique.

De même dans la quatrième et dernière partie, portant sur le Traité politique. Insistant sur la « vision purement quantitative de la politique » (p. 405) de Spinoza et rappelant que, pour ce dernier, il n’y a pas de juste et d’injuste (donc de morale) avant la loi (la politique), l’A. en tire comme conséquence que l’on voit s’estomper les valeurs comme repères qui auraient pu susciter une révolte pour raisons morales. La démocratie serait ainsi « un régime ‘sans valeurs’, ouvert à toutes les décisions pourvu qu’elles soient prises par une majorité » (p. 408), tout choquant que cela puisse sembler à nos oreilles et yeux de modernes, comme le reconnaît volontiers l’A.

Enfin, l’A. nous propose en Conclusion un condensé de biographie intellectuelle, revenant sur les principales thématiques ayant fait l’objet de ses critiques (dispositions, reconnaissance, contrats et promesses, sentiment d’injustice, etc.) en montrant à chaque fois en quoi ses positions philosophiques ont toujours « quelque chose de Spinoza » et ont sans cesse tenté « d’être à la pointe extrême du contemporain, tout en découvrant à chaque fois qu’elles regardent en arrière » (p. 427).

Julie HENRY

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Pour citer cet article : Julie HENRY, « Charles RAMOND : Spinoza contemporain. Philosophie, Éthique, Politique, Paris, L’Harmattan, 2016 » in Bulletin de bibliographie spinoziste XXXIX, Archives de Philosophie, tome 80/4, Octobre-décembre 2017, p. 803-833.


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