EnglishTome 83, cahier 1, Janvier-Mars 2020

Fichte et le Langage

Ives Radrizzani, Fiche et le langage. Avant-propos

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Isabelle Thomas Fogiel, Une philosophie du dire (Sagen) comme faire (Tun)

L’enjeu de cette étude est, une fois surmontée l’apparente faiblesse des vues fichtéennes sur le langage (partie I), de restituer leur cohérence et leur importance. La cohérence tout d’abord, qui nous fera passer d’une théorie de la désignation (le mot renvoyant à une chose indépendante) à une théorie de la signification comme effectuation (partie II). L’importance ensuite, puisqu’il sera alors loisible de comprendre comment au cœur du système fichtéen se trouve une théorie de l’énonciation, qui met en œuvre un principe fondamental, celui de l’accord entre le dire (Sagen)et le faire (Tun) (Partie III). Pour l’établir, Fichte se livre à la fois à une critique serrée de l’illusion référentielle et à une critique de la représentation. Par là, sa philosophie se révèle être une philosophie du dire comme faire.

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Ives Radrizzani, La philosophie du langage dans l’architectonique du système fichtéen

Le but de cette contribution est d’identifier la place du langage dans l’architectonique du système fichtéen. Il est apparu (1) que la déduction du langage appartient de droit à la partie principielle du système ; (2) que l’intégration de cette déduction dans la partie principielle s’est faite, comme pour la doctrine de l’intersubjectivité, par la prise en compte de considérations initalement développées dans un écrit ne relevant pas directement de la Doctrine de la Science ; (3) qu’en tant que support de la sollicitation, le langage joue un rôle crucial dans la genèse de la conscience, dont il constitue la condition suprême et (4) qu’il est directement lié à la solution proposée par Fichte pour remédier à l’« inachèvement du système kantien ».

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Marco Ivaldo, La transcendantalité du langage

L’idée du langage est suscitée en nous par l’interaction avec nos semblables. En particulier, l’« impulsion » vers la création du langage s’appuie sur l’impulsion que la nature humaine a en elle-même de trouver une rationalité au monde, et la nécessité de satisfaire cette impulsion se présente dès lors que des individus dotés de raison entrent en interaction. Sans cette interaction, sans le langage, « l’homme ne peut pas être ». Aussi le langage a-t-il une portée transcendantale, rendant possible et accompagnant la genèse de la conscience humaine.

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Marc Maesschalck, Langage et protogenèse des normes chez Fichte

L’article tente une analyse prospective des positions de Fichte en théorie du langage à partir d’un texte de jeunesse sur la faculté langagière. La thèse consiste à établir un lien avec la construction fichtéenne de cette faculté et l’origine des approches structurales héritières du formalisme russe, en particulier chez Jakobson et Vygotski.

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Max Marcuzzi, Le vouloir dire et la référence selon Fichte

Dans ses premiers écrits sur l’origine du langage, Fichte affirme de manière circulaire à la fois la caractère premier et constitutif du langage, et le primat de la pensée sur celui-ci. En même temps, il fait du langage à la fois le produit de la liberté et une structure fondamentale de l’homme. Les Discours à la nation allemande présentent une solution à ce cercle en faisant du langage un élément fondamental de l’être au monde de l’homme et de son existence sociale. En soustrayant ainsi le langage à la contingence des décisions individuelles, il en fait la forme naturelle et originelle de la connaissance et de la vérité.

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Luis Fellipe Garcia, Fichte et la puissante impuissance du langage

Cet article montre que Fichte développe une originelle conception du langage dans ses Discours à la Nation allemande d’où il ressort non seulement le besoin de retraduire des concepts philosophiques dans un langage populaire comme aussi celui de formuler un langage plus malléable pour la philosophie en tant que telle. Afin d’explorer cette hypothèse, notre propos suivra les étapes suivantes : (i) nous analyserons la conception fichtéenne du rapport entre popularisation et flexibilisation du langage, ce qui nous permettra (ii) d’explorer les raisons systématiques du rapprochement entre langue philosophique et langue populaire et (iii) de saisir précisément la compréhension du rôle philosophique du langage qui en découle.

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Antonella Carbone, Le langage dans la Logique transcendantale de 1812

Les cours sur la Logique transcendantale sont l’un des lieux de la production fichtéenne dans lequel le philosophe de Rammenau réfléchit sur le langage et en particulier sur la capacité performative de la parole. A travers la déconstruction du discours de la logique commune, déjà durement frappée dans les leçons de Zurich de 1794, articulée en trois moments principaux (identifiés comme processus ironique,  inventio et ruse du langage), la Doctrine de la Science révèle le lien entre le mot, le concept et l’intuition intellectuelle et exprime le besoin de subsumer le premier au concept correctement compris, de sorte qu’il puisse révéler la présence d’une pensée synthétique, dont le mot lui-même est l’image.

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Augustin Dumont, Fichte et le langage. Le « Lyrisme transcendantal » contre la dissolution

L’objectif de cet article est de revenir sur la singulière configuration qu’offre l’usage fichtéen du langage eu égard à la nécessité d’une exposition dans et par la langue naturelle de la genèse transcendantale des conditions de possibilité du savoir. Dans un premier temps, l’on procède à quelques rappels contextuels permettant de se familiariser avec les « codes » utilisés par Fichte dans ses exigences relatives au langage. Dans un second temps, l’on illustre son positionnement par le commentaire de quelques extraits de texte significatifs. Dans un troisième temps, l’on formule une proposition interprétative du mode de présentation écrit du transcendantalisme fichtéen. On montre que l’écriture transcendantale vise à traduire dans le langage l’exigence d’une intensification de l’expérience présente de l’intuition intellectuelle.

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Sébastien Roman, L’Antiquité et la culture humaniste au XVIe siècle : étude comparative de Machiavel et de La Boétie

Il est arrivé que l’on compare Machiavel à La Boétie pour grossièrement les opposer, selon l’idée fausse que le premier serait du côté du prince, et le second du côté du peuple. Nous proposons, ici, une étude comparative de leurs pensées qui se concentre sur leur manière de lire les Anciens et de se situer vis-à-vis de la culture humaniste de leur époque, pour mieux saisir adéquatement leurs différences et leurs similitudes.

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Julia Christ, Totalité et symptôme ou comment lire « la société »

L’article traite des discussions contemporaines autour du concept de totalité là où il est employé pour saisir la réalité sociale. À travers une reconstruction des positions de Durkheim et d’Althusser il s’intéresse aux différentes méthodes développées par ces théories pour justifier leur approche holiste du social. Il s’avère que le marxisme révolutionnaire et la sociologie non révolutionnaire se rencontrent en un point : les deux lisent des textes des sciences sociales pour accéder à ce qui produit la société sous forme de tout. Notre article établit le statut de ces textes pour les deux approches et compare leurs méthodes de lecture, afin de dégager ce que, selon les deux, produit le lien social.

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Bulletin cartésien XLIX

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logo des Archives de philosophieL’abondance des propositions de publication…

…soumises à la rédaction dénote un intérêt toujours soutenu pour la recherche philosophique tant du point de vue d’une histoire de la philosophie que d’enquêtes et d’explorations sur des questions de notre époque. Cette abondance a conduit les Archives de philosophie à réexaminer son mode de publication pour y mieux répondre. De même, la diversité et très souvent l’ampleur des dossiers publiés ces dernières années, ainsi que la richesse intrinsèque et plurielle des manières d’y traiter les matières abordées ou les auteurs retenus propres à chacun de ces dossiers, ont incité les Archives de philosophie à davantage tirer parti du support numérique, en maintenant une double exigence : le sérieux dans les décisions de publication; le travail commun si riche mené au sein même du Comité de rédaction. .

Au terme d’un temps nécessaire…

…de réflexion, il fut donc décidé d’élargir, pour les seuls dossiers le cas échéant, leurs éditions imprimées à une édition numérique  d’articles non publiés en édition imprimée mais ayant pleinement place dans ces dossiers. Approuvant cette réflexion et sans ménager son soutien pour qu’elle aboutisse, l’éditeur fit remarquer dès le début et bien à propos qu’une nouvelle maquette s’imposait pour accompagner et signifier le nouveau mode de publication qui serait désormais celui des Archives de philosophie. Le premier cahier de l’année 2020 inaugure cette maquette et ce nouveau mode avec le dossier Fichte et le langage, dirigé par Ives Radrizzani.

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Johann Gottlieb Fichte

Fichte et le langage…

À bon droit, Fichte passe pour un auteur difficile. Il est prolixe aussi tout en restant soucieux d’une philosophie « populaire » comme il l’est également d’un langage « savant ». Il se situe d’ailleurs avec aisance sur les deux registres d’expression : l’écrit et l’oral, qui se consument sur une unique scène ou en un foyer unique aux allures de jeu, le jeu du langage. Pour quel effet? Une sorte d’éclat solaire ou de secrète ardeur où l’analyse du langage ne cesse de recommencer pour arracher l’expression ou le terme, langage, à la « méduse de l’être et de la nature ».

Fichte lui-même se reconnaissait une certaine habileté sur la scène de ce jeu aux formes multiples, dans l’élucidation de la vraie science – la Wissenschaftslehre –, c’est-à-dire la purification de la notion de transcendance, alors source et fondement de la liberté, oriflamme d’une raison effective et efficace.

Ce dossier…

…nullement exhaustif certes – parcourt avec une maîtrise constante certains aspects, décisifs et originaux, de cette exploration du langage : la place capitale d’autrui, les reflets de la signification, le style, l’imagination, la percée d’une philosophie nouvelle dans l’histoire, la place enfin, absolument centrale, rayonnante, de la notion d’acte. Le tout dessine comme au loin une sorte de transcendance qui serait l’esprit, rapproché du divin ; il éloigne de beaucoup Fichte tant de Schelling que de Hegel, ses grands contemporains. À moins que ce tout ne préfigure, en étant resté inaperçu ou tapi dans l’ombre, voire délibérément laissé à la marge, les investigations de la philosophie du langage qui fera ses premiers pas au grand jour des décennies plus tard.

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