Tome 83, cahier 3, Juillet-Septembre 2020
La preuve ontologique
Alexander Schnell, La preuve ontologique : d’Anselme à la phénoménologie contemporaine. Avant-propos
Christian Brouwer, L’argument d’Anselme. De la pensée à la nécessité
Cette étude s’attache à comprendre l’argument d’Anselme dans le contexte de l’oeuvre de son auteur. Après un exposé de la ligne argumentative, il s’agit de réexaminer le projet d’Anselme, d’abord dans le Proslogion, puis par rapport à la démarche discursive du Monologion. Ce qui émerge est une tentative de la créature raisonnable de s’élever vers Dieu en pensant rationnellement la modalité d’existence de son créateur. Sur ce chemin, elle expérimente et identifie les limites de son intelligence.
Camille Riquier, Descartes, Spinoza et la preuve ontologique
L’article se propose de réintégrer Spinoza dans l’histoire des preuves de l’existence de Dieu et d’interroger, dans ce but, le cartésianisme de Spinoza.
Gunnar Hindrichs, La preuve de l’existence de Dieu comme auto-détermination de la pensée
L’argument ontologique de l’existence de Dieu n’est pas seulement un argument de l’existence de Dieu. C’est la réflexion de la pensée sur ses propres conditions, fondements et limites. Cet essai examine cette auto-réflexion de la pensée, en particulier en ce qui concerne la version kantienne de la preuve ontologique. Il affirme que l’argument ontologique consiste en la dépotentialisation de la pensée par elle-même.
Hedwig Marzolf, Le retour étrange de la preuve ontologique chez Kant
Cet article se demande pourquoi Kant évoque une preuve ontologique de l’existence de Dieu dans l’Opus postumum après l’avoir abandonnée dans la Critique de la raison pure. Il met d’abord en lumière l’importance des critiques des Schwärmer pour qui la religion n’est pas une affaire de la raison. Puis il montre comment Kant y répond en posant un lien analytique entre Dieu et la loi morale dans la Critique de la raison pratique et en érigeant la théologie en « principe suprême » de la philosophie transcendantale dans l’Opus postumum. Il conclut que Dieu existe dans la reconnaissance du sujet dans le monde.
Alexander Schnell, Y a-t-il des preuves ontologiques en phénoménologie ?
Est-il pertinent de traiter d’arguments ontologiques en phénoménologie ? Etablissant le lien entre l’argument ontologique (en phénoménologie) et la construction phénoménologique, mettant ensuite en évidence le rapport entre les opérations « constitutives » transcendantales et leur « être » corrélé, cinq dimensions de l’« inapparence » sont alors mises en avant : le monde, la réalité (événementielle), l’expérience (en sa catégoricité), le sens et la genèse (de la factualité). Sur cette base, l’article déploie alors différentes formes de l’« argument ontologique » selon cinq modalités du transcendantal.
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Susanna Lindberg, La chute et la chance de la nature : Schelling, Hegel et après
L’article présente un regard synthétique sur les enjeux de la philosophie de la nature de l’idéalisme allemand. Il montre pourquoi la philosophie hégélienne de la nature doit être lue non pas seulement comme la chute de l’idée dans une extériorité sans esprit, mais aussi comme la chance de l’esprit qui veut penser le réel tel qu’il est. Il compare cela à l’opposition de la gravité et de la lumière dans la philosophie de la nature de Schelling, et fait finalement une hypothèse sur l’utilité de la Naturphilosophie aujourd’hui.
Pierre-Alexandre Fradet, Les vertus du sens commun chez Bergson
Concept à significations multiples, le sens commun désigne chez Bergson tantôt un contenu de croyances naïves et répandues, tantôt l’effort par lequel on fait un tri parmi les croyances. En serrant de près ces deux acceptions principales, nous chercherons ici à éclairer l’apport philosophique que Bergson attribue par moments au sens commun. Il s’agira donc de faire ressortir combien Bergson développe une conception positive du sens commun lorsqu’il l’associe au bon sens et l’envisage comme la disposition à faire volte-face, c’est-à-dire à se régler sur les particularités du réel.
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Bulletin leibnizien VI
Bulletin leibnizien VI – Supplément
Bulletin de philosophie médiévale XXI
Juin 2020…
Le pays semble renouer avec son activité, marquée par les effets des mois qui viennent d’être traversés. Archives de philosophie a maintenu la sienne, alors que les circonstances liées à ces derniers mois ne lui étaient pas favorables, comme pour nombre de revues. Elle publie à l’heure prévue un dossier, des articles, le Bulletin de philosophie médiévale XXI et le Bulletin leibnizien VI, qui constituent ensemble ce qu’elle est
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Coordonné par Alexander Schnell, La preuve ontologique : d’Anselme à la phénoménologie contemporaine remet face à la complexité et à l’endurance d’un problème philosophique qui fut longtemps d’une hantise et est aujourd’hui d’une actualité non visible. Il fait entrer le lecteur dans un exercice de mémoire et l’associe à un travail de pensée qui peut-être lui échappe, dont il peut se sentir loin. Pourtant, ce dossier l’installe dans un temps long et un rythme lent où l’esprit de l’homme, qu’on le désigne par raison ou tout autant qu’il se manifeste par des procédures de la raison, s’efforce d’établir l’existence de Dieu – à défaut d’approcher la signification que cela peut avoir pour l’homme de tenter ou de persévérer à établir cette existence.
Un temps long, que manifeste le choix de moments significatifs de l’histoire de la pensée, qui font aller d’Anselme à la phénoménologie contemporaine. Un rythme lent, celui de la pensée, en travail précisément, qui apprend plus sur elle-même, ses manières de faire, ses limites et ses avancées, que sur ce qu’elle vise et qui lui échappe en même temps, ce que donne si clairement à lire l’article de Gunnar Hindrichs. Cet apprentissage de la pensée, quant à ce qu’elle est et à ses processus, a des effets sur la représentation de ce qui n’est pas elle et auquel elle se rapporte, et produit des significations pour elle-même de ce à quoi elle se rapporte, Dieu quand il s’agit de la preuve ontologique. Dieu, mais pas seulement. Ainsi en est-il de ce que la pensée désigne par le terme nature comme le fait si finement paraître l’article, hors-dossier mais en résonance avec lui, de Susanna Lindberg.
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Archives de philosophie n’est pas prête d’oublier ce deuxième trimestre 2020. Qu’Alexander Schnell pour La preuve ontologique : d’Anselme à la phénoménologie contemporaine, qu’Aurélien Robert, Véronique Decaix, Joël Biard pour le Bulletin de philosophie médiévale, que Paul Rateau pour le Bulletin Leibnizien soient vivement remerciés pour leur ténacité, leur constance et leur amitié pour la revue en lui permettant de faire paraître, encore une fois à l’heure prévue, ce cahier.
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