EnglishTome 83, cahier 4, Octobre-Décembre 2020

La médecine et ses humanismes

Juliette Ferry-Danini & Élodie Giroux, La médecine et ses humanismes. Avant-propos

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Derek Bolton, Le modèle biopsychosocial et le nouvel humanisme médical

Plusieurs aspects du modèle biopsychosocial promeuvent une approche humaniste en médecine. Cependant, Engel a explicitement rejeté un humanisme médical qui s’opposerait à la science. En adoptant une approche fondée sur la science des systèmes pour étudier les êtres humains, la santé et la maladie, Engel défend une approche scientifique pour améliorer la qualité des soins cliniques, ou autrement dit, une approche qui se prête à un examen scientifique de cette question.

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Marie Gaille, Les ressources de la pensée du care. Pour un soin plus humain

Abordant les situations de soin prodigué à la personne malade et/ou en perte d’autonomie, cet article explore de manière privilégiée les ressources offertes par la pensée du care, afin de répondre à la critique d’un défaut d’humanité adressée aux institutions médicale ou médicalisées ou aux  pourvoyeurs de soin à domicile. L’article analyse en quoi consiste l’attention à autrui selon cette pensée et s’intéresse aux implications de la politisation du care.

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Élodie Giroux, La médecine personnalisée est-elle humaniste ?

Adoptant une perspective populationnelle inspirée des « sciences de la santé de la population », cet article développe une critique de la manière dont la médecine personnalisée envisage l’individu et la population et défend l’idée qu’une approche conjointe de la santé de l’individu et de la santé de la population est une condition pour une médecine humaniste.

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Ines Sophie Pietschmann & Marcel Mertz, Humanisme médical et médecine complémentaire, alternative et intégrative

L’avènement de la biomédecine moderne est souvent considéré comme une avancée majeure. Cependant, l’humanisme médical remet en question l’idée que la biomédecine actuelle et son système de santé soient (encore) suffisamment tournés vers des valeurs humanistes telles que la dignité, l’autonomie, l’individualité, l’empathie ou l’humilité. À côté de la biomédecine, il existe cependant de nombreuses approches relevant de la médecine non conventionnelle qui affirment fréquemment être davantage holistiques ou empathiques que la biomédecine. Cette contribution souhaite donc examiner si la médecine dite complémentaire, alternative et intégrative (MCAI) pourrait mieux correspondre aux valeurs attribuées à l’humanisme médical que la biomédecine.

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Juliette Ferry-Danini, L’humanisme médical au-delà de l’empathie

Une médecine plus humaniste serait une médecine où les professionnels de santé feraient preuve de plus d’empathie envers leurs patients Or s’il est difficile d’attester un déclin de l’empathie en médecine en l’attribuant au modèle biomédical, l’empathie n’est pas sans défaut. Cela ne signifie pas la mort de l’humanisme médical mais un appel à le faire reposer sur un concept minimal de compassion non sans lui intégrer une approche basée sur les systèmes de santé.

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Raphaël Ehrsam, Le perspectivisme est soluble dans le réalisme. Contre les appropriations antiréalistes de Nietzsche

Dans cet article, je défends l’idée selon laquelle l’affirmation d’une compatibilité entre le perspectivisme de Nietzsche et le réalisme constitue une option philologique et philosophique théoriquement plus satisfaisante que la mobilisation de Nietzsche sous la bannière de l’antiréalisme – aux côté de penseurs tels que Quine, Rorty ou Derrida). Il devient en effet alors possible de voir comment Nietzsche met place une critique stratégique des valeurs, une écriture gouvernée par ce que je propose de nommer le « trope du redoublement », et une conception originale du rapport entre sens, intérêts et états de choses.

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Bulletin de littérature hégélienne XXX (2020)

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Bulletin de bibliographie spinoziste XLII

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logo des Archives de philosophieLa médecine et ses humanismes…

Ce dossier n’est pas l’exposition encyclopédique d’un savoir ; il rassemble des réflexions fouillées, claires, ouvertes qui ont pour souci un même horizon : l’engagement concret du savoir théorique dans une action possible, une décision, une pratique. Le point d’appui en est l’irréductibilité de la médecine comme science à un rationalisme positiviste centré sur un objet, ici la maladie en tant que fait ou donné. Le point d’attention en est la prise en compte de la dimension de l’altérité humaine, de l’humanitas, dans le traitement de la maladie : humanitas qui oblige la médecine à s’ajuster à un effort permanent de reconstruction, jamais achevée, du sujet humain. Ce dernier ne saurait en effet être retiré de la scène médicale au risque sinon d’être dénié quand, en particulier, la médecine s’enferme dans un positivisme qui serait pour ainsi dire son essence ou quand elle s’y livre parce qu’elle ne se comprend et ne comprend sa tâche comme science que du seul point vue positiviste ou objectiviste.

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Pour tenir compte du sujet humain en s’y ajustant, la médecine s’est efforcée de s’accorder, dans le tournant des années 1970, avec une multiplicité d’approches de l’altérité humaine. La médecine et ses humanismes les expose avec une bienveillante acuité non sans marquer des réserves avec mesure et finesse, et montre comment la médecine est devenue la scène d’innovations capitales dans son rapport à elle-même comme pratique mais aussi comme science. Une ligne de force du dossier est en effet de faire paraître comment, à travers ces innovations, la médecine n’a en rien renoncé – ce qui serait une trahison – à la nécessité et à l’objectivité du travail scientifique. Ce que met particulièrement en évidence la réflexion conduite dans ce dossier sur le problème de l’empathie en médecine.

Difficile à cerner, voire ambigüe, ainsi que le souligne avec perspicacité La médecine et ses humanismes, l’empathie offre en effet à la médecine de faire un pas concret et décisif vers la considération englobante de la singularité du sujet humain ; non sans observer une limite : celle au-delà de laquelle l’empathie devient proximité maladroite, malhabile, non ajustée. Si la relation au malade ne se réduit pas à la relation à un objet, elle ne saurait pour autant se confondre avec une subjectivité mise en jeu qui, se recommandant de l’empathie, annule ou annihile toute objectivité au risque de dérouter la médecine dans son exercice même.

Dans la considération de la singularité du sujet humain, la relation au malade ne saurait non plus isoler son corps du corps social et politique, lui-même souffrant : l’actualité de la crise sanitaire le rappelle sans ménagement aux démocraties occidentales. La santé n’a pas seulement une dimension individuelle, qui regarde chaque sujet dans sa singularité et son histoire. Elle a aussi une dimension sociale, en vertu même du lien irréfragable de tout sujet à une population, celle où il est né et où il vit, celle où les alea ou les circonstances de son existence l’ont conduit, quand bien même il ferait choix, dans l’un et l’autre cas, de s’y tenir à la marge. Il faut voir là une exigence capitale et incontournable de l’approche et du rôle social et politique de la médecine. Cette exigence est remarquablement mise en lumière et abordée dans La médecine et ses humanismes, en pleine résonance avec le dossier dirigé par Jean-François Braunstein, Histoire et philosophie de la médecine, publié il y a exactement dix ans.

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Une exigence capitale et… un défi moderne aujourd’hui adressé à qui scrute au plus près la société humaine pour en prendre soin quand elle souffre et gémit : plus précisément à l’homme politique. Celui-ci manque à sa tâche s’il l’abandonne à une raison politique ne s’exerçant et ne se comprenant que selon les voies d’un positivisme insensible à l’humanitas qui cherche pourtant, inlassablement et avec entêtement même, à se faire entendre par cette raison depuis le monde concret et vécu des hommes. L’ombre de Platon est proche, lui qui auscultait dans la République (Πολιτεία) à la manière d’un médecin libre, et non d’un médicastre, les maux de la Cité ; celle de Robert Burton aussi, avec son Anatomie de la mélancolie (1621), non limitée à l’individu mais étendue à la société dans la crise de son temps. La raison politique a beaucoup à apprendre de la médecine et de ses humanismes. La médecine et ses humanismes, par ses références riches et croisées des sphères anglo-saxonnes et francophones, par ses auteur(e)s venu(e)s de ces mêmes sphères, en donne comme le signal.

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