Auteur : Alix Grumelier

MORENO ROMO, Juan Carlos, La religión de Descartes, Barcelone, Anthropos, 2015, 174 p.

Ce livre espagnol surprendra le lecteur qui y chercherait en vain des éclaircissements sur ce que fut la religion de D. ou sur la distinction entre théologie et métaphysique, par exemple. Il s’agit plutôt d’un recueil de textes, divers mais complémentaires, touchant les débats interprétatifs contemporains autour du thème annoncé. L’ensemble porte donc davantage sur la réception du cartésianisme que sur la religion de D. proprement dite. L’A. témoigne d’une connaissance foisonnante et ne renonce pas à quelques remarques polémiques, notamment lorsqu’il aborde dans sa dernière étude la difficulté d’une investigation objective et dépassionnée du rapport de l’Église catholique à D. On retiendra aussi l’évocation du matérialisme et du naturalisme, qui réduisent l’immortalité de l’âme à un article de foi, tandis que le subjectivisme de Sartre en constitue le retour de bâton – Alquié rappelant que la cosmologie fermée et auto-suffisante des sciences naturelles, où il n’y a pas de place pour un « je pense » ni pour la liberté, est un contresens et un cercle, dans la mesure où les sciences ne sont elles-mêmes possibles que grâce à la subjectivité. Globalement, ce livre s’oppose à la récupération hyper-rationaliste de D., notamment en répondant aux critiques du doute hyperbolique, qui n’alla effectivement pas jusqu’à atteindre la foi. Qu’il se conclue sur la citation du DM, « retenant constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance » (AT VI 23, 1-3), constitue un rappel de ce qui demeure irréductiblement religieux chez notre philosophe.

Alix GRUMELIER

Retrouver ce compte rendu et l’ensemble du Bulletin cartésien XLVII chez notre partenaire Cairn

Pour citer cet article : Alix GRUMELIER, « MORENO ROMO, Juan Carlos, La religión de Descartes, Barcelone, Anthropos, 2015, 174 p. » in Bulletin cartésien XLVII, Archives de Philosophie, tome 81/1, Janvier-mars 2018, p. 171-223.

♦♦♦

MAISONHAUTE, Jean-Louis, « Victor Delbos, interprète de l’“idéalisme” de Descartes par “gros temps” », Revue de métaphysique et de morale, 2015/4, 88, p. 469-496.

Paru dans un numéro d’Hommages de la RMM, cet article s’intéresse au rapport que l’historien de la philosophie V. Delbos entretint avec « l’idéalisme » de D. (l’A. insiste sur l’emploi des guillemets), d’abord compris comme questionnement sur le statut ontologique de l’idée, puis comme interprétation d’un philosophe français dans le contexte de la Grande Guerre. L’A. rend ainsi compte de ce qui fut pour Delbos un double héroïsme cartésien, à la fois métaphysique et politique. Si la forme complique quelque peu la lecture – nombreux emplois de catégories générales en –isme et un style parfois lourd : « …la rétro-traduction criticiste de “l’idéalisme problématique” cartésien… », « …le sens strict d’un cosmo-universalisme transnational… », etc. –, on relèvera les neuf critères (énumérés p. 483-484) qui, selon V. Delbos, révèlent de manière intéressante bien qu’attendue ce que l’A. nomme l’« ADN cartésien » de la philosophie française, ainsi qu’une comparaison, parfois osée, avec le kantisme – « …geste proprement transcendantal » de D. (p. 487). L’intérêt de cet article réside surtout dans l’évocation des multiples facettes problématiques de l’idéalisme cartésien.

Alix GRUMELIER

 

Lire l’intégralité de ce compte rendu et l’ensemble du Bulletin cartésien XLVI chez notre partenaire Cairn

Pour citer cet article : Alix GRUMELIER, « MAISONHAUTE, Jean-Louis, « Victor Delbos, interprète de l’“idéalisme” de Descartes par “gros temps” », Revue de métaphysique et de morale, 2015/4, 88, p. 469-496 » in Bulletin cartésien XLVI, Archives de Philosophie, tome 80/1, Janvier-mars 2017, p. 147-224.

♦♦♦