Auteur : Andrea Nannini

Richard KILVINGTON, Talks to Thomas Bradwardine about Future Contingents, Free Will, and Predestination. A Critical Edition of Question 4 from Quaestiones super libros Sententiarum, éd. Elżbieta Jung et Monika Michalowska, « Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters » 134, Leiden-Boston, Brill, 2023.

Le lecteur aventureux qui souhaiterait s’engager dans la Lectura super Sententias, largement inédite, du cistercien Pierre Ceffons, datée de 1348-1349, trouverait, à la question 3 du Livre I (Troyes, Médiathèque Jacques-Chirac, ms. 62, fos 31rb-36va), une longue discussion concernant le problème de la capacité finie ou infinie de l’âme humaine. Les « nombreuses raisons » en faveur d’une capacité infinie, auxquelles le cistercien fait ici allusion (fo 34vb), sont au nombre de vingt-neuf – avec une curieuse lacune, car dans la transition entre le 34vb et le 35ra, l’argument 6, brusquement interrompu, est suivi de l’argument 24, commençant ex abrupto – ; la réponse aux arguments, du premier au vingt-neuvième, est au contraire complète, s’étendant du fo 35ra au fo 36va. La présentation de ce dernier argument se termine par l’identification explicite de ceux qui soutiennent cette opinion : « J’ai produit peu d’arguments par moi-même, et j’en ai récité beaucoup que donne Kilvington. »

À l’exception de leur ordre et de leur numérotation, les arguments cités par Ceffons sont presque entièrement des citations verbatim de ceux qui sont formulés par Richard Kilvington dans ses Quaestiones super libros Sententiarum, question 3, art. 1, première question à avoir été éditée (par Monika Michałowska en 2021, p. 77-111) dans le cadre du projet plus large d’édition critique du corpus des textes philosophico-théologiques de Richard Kilvington. La présence d’un nombre aussi important d’arguments cités par Pierre Ceffons témoigne non seulement de l’importance du débat sur la capacité finie ou infinie de l’âme humaine – également présent dans la distinctio prima de la Lectura du franciscain Jean de Ripa, datée de 1354-1355 (éditée par Nannini en 2023, p. 160-299) – mais aussi de l’importance de Kilvington lui-même, dont les arguments cités par Pierre Ceffons occupent plus d’un folio du manuscrit (comme dans le texte de Jean de Ripa, qui n’en cite cependant que la moitié).

À l’occasion d’un compte rendu de l’édition critique de la question 3 de Kilvington, Francesca Galli soulignait, en conclusion, « qu’il ne reste plus qu’à espérer que la publication des différentes contributions sur le commentaire des Sentences de Kilvington suscitera chez l’éditeur le désir de promouvoir de nouvelles occasions de dialogue et d’échange scientifique autour des Calculatores et, peut-être, de leurs possibles prédécesseurs » (Galli, 2023, p. 460). En effet, le cistercien Pierre Ceffons et le franciscain Jean de Ripa, actifs à Paris quinze à vingt ans après la rédaction des Quaestiones super libros Sententiarum de Kilvington, témoignent de l’importance du maître anglais, initiateur de l’école des Calculateurs à Oxford, mais aussi de l’impact que ses doctrines ont eu sur ses successeurs en dehors de l’Angleterre. Cela nous rappelle la pertinence stratégique du projet d’édition critique entrepris par Monika Michałowska qui, à partir du volume consacré à l’édition critique des Quaestiones super libros Ethicorum de Kilvington (2016), s’est ensuite orientée vers le commentaire des Sentences, en mettant à la disposition des chercheurs l’édition critique de la question 3 (2021) et, plus récemment, de la question 4 (2023), éditée en collaboration avec Elżbieta Jung. Le mérite de ce projet – qui s’inscrit dans la lignée de ceux de chercheurs tels que Norman et Barbara Kretzmann, Robert Podkonski et Jung elle-même – est de mettre à disposition le corpus des textes philosophiques et théologiques de Kilvington dans toute sa complexité. Mais cela a aussi pour effet de relancer l’épineuse question de la pertinence d’éditions critiques de textes complets et intégraux, et non pas seulement d’excerpta ou de petites quaestiones dans des revues ou des volumes collectifs. On ne peut qu’apprécier pareil effort : l’édition critique de textes scolastiques, dans une période complexe comme le XIVe siècle n’est pas seulement bénéfique en elle-même, elle permet aussi un accès direct au texte, avec un bénéfice énorme pour les chercheurs, même ceux qui sont engagés dans l’édition d’autres textes, en facilitant l’accès à des sources qui sans cela risqueraient de rester d’un abord difficile.

Ce beau volume contenant l’édition de la question 4 s’ouvre sur une longue introduction, par laquelle les auteurs entrent immédiatement dans le vif du sujet : après un bref aperçu des cursus de Richard Kilvington et de Thomas Bradwardine (p. 3-4), ils affirment d’emblée ce qui est peut-être l’hypothèse la plus séduisante autour de laquelle s’articule l’ensemble du volume (également proposée récemment par Chris Schabel et Severin Kitanov), à savoir que les deux maîtres ont été compagnons (socii) à Oxford. E. Jung avait déjà identifié un cas dans lequel Bradwardine s’inspire directement de Kilvington en ce qui concerne les questions physiques (E. Jung, 2022, p. 37), mais les auteurs soutiennent désormais cette thèse de manière plus ferme. Ils affirment tout d’abord (p. 5-6) que Bradwardine avait une connaissance directe de Kilvington en ce qui concerne un aspect spécifique de la discussion sur l’infini (l’exemple de la ligne en hélice sans fin) : « La première question de Bradwardine sur les Sentences : Utrum in entibus possit esse aliquod infinitum […] cite les arguments de Kilvington en faveur de l’infini en acte, tels que la ligne en hélice sans fin […]. Bradwardine s’oppose à ce raisonnement […]. Il soutient que de telles lignes ont une longueur finie. » Deuxièmement, les auteurs identifient une connaissance réciproque de Bradwardine de la part de Kilvington, qui répond à cette même critique tout en maintenant sa propre opinion dans son article 2 de sa question 3 Utrum omnis creatura sit suae naturae certis limitibus circumscripta (p. 6). La même relation entre les deux maîtres existe en ce qui concerne les futurs contingents, traités dans la question 4 (p. 83) : « D’une part, la question de Kilvington fait directement référence à Bradwardine et le cite par son nom. D’autre part, la liste des neuf opinions de Bradwardine sur les futurs contingents inclut celle de Kilvington. » Ce lien est extrêmement important, car il permet aux auteurs de confirmer que les deux maîtres étaient socii à Oxford, et ainsi de rétrodater la rédaction des Quaestiones super libros Sententiarum de Kilvington de 1333-1334 à 1332-1333 (p. 6) : « Cet échange d’arguments montre que Kilvington a dû lire les Sentences plus tôt qu’on ne le pensait, très probablement en 1332-1333. Si tel est le cas, Bradwardine et Kilvington ont tous deux donné des cours sur les Sentences la même année, et ils pourraient tous deux être les socii l’un de l’autre. La discussion sur l’infini confirme cette hypothèse […]. Les discussions sur les futurs contingents, le libre arbitre et la prophétie […] confirment également cette conclusion. »

À l’étude doctrinale du contenu de la question 4 succède une analyse détaillée de la structure de la discussion sur les futurs contingents, tant chez Bradwardine (p. 6-10) que chez Kilvington (p. 10-14). Il convient de noter que la question dans laquelle Bradwardine discute des futurs contingents, la sixième question attribuable à son commentaire sur les sentences (Utrum Deus habeat praescientiam omnium futurorum contingentium ad utrumlibet), avait déjà été éditée par Jean-François Genest en 1979, sur la base des manuscrits Troyes, Bibliothèque municipale 505, et Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. Lat. 813, mais on ignorait alors que l’important manuscrit Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 15 805, fos 40ra-49vb contenait l’ensemble des neuf questions qui constituent le commentaire de Bradwardine sur les Sentences (identifié par Katherine Tachau et J.-F. Genest lui-même en 1990) ; les auteurs citent ainsi Bradwardine en offrant leur propre transcription du manuscrit parisien encore inédit (p. 8, note 26), enrichissant ainsi la valeur de cette introduction.

La comparaison minutieuse des positions de Bradwardine (p. 19-40) et de Kilvington (p. 40-84) prépare le lecteur à la complexité des questions traitées dans la question 4. En effet, étant donné que « la question de Bradwardine est clairement structurée, du moins par rapport au texte de Kilvington » (p. 8), l’attention du lecteur doit rester en éveil : les questions de Kilvington sont extrêmement complexes, non seulement dans leur contenu, mais aussi par leur structure, laquelle est parfois confuse et non dépourvue d’arguments qui ne sont suivis d’aucune réponse. Cette complexité, que des chercheurs tels que William Courtenay, P. Bakker et C. Schabel ont mise en évidence à propos des textes des années 1330-1340, est évidemment bien connue, et les auteurs la résument soigneusement (p. 10-11), mais « ce style de composition atteint son point culminant de sophistication dans la question 4 de Kilvington, dont la structure est d’une complexité exceptionnelle » (p. 11). L’introduction détaillée proposée par Elżbieta Jung et Monika Michałowska est donc indispensable pour profiter pleinement de cette édition critique.

D’un point de vue conceptuel, le problème qui sous-tend l’ensemble du traité de Kilvington, ainsi que celui de Bradwardine, est la compatibilité (ou incompatibilité) entre la survenue contingente d’événements futurs et le fait que Dieu connaît déjà l’issue de ces événements. L’analyse comparative des théories respectives des deux maîtres fait remonter la diversité de leurs solutions à une différence d’approche et d’intérêt (p. 84-85) : alors que la question de Bradwardine se concentre sur la prescience de Dieu, celle de Kilvington, est consacrée au problème des bonnes et mauvaises actions qui résultent des choix du libre arbitre de l’homme. Néanmoins, les deux auteurs abordent finalement la même question, en cherchant à réconcilier la prescience et la volonté de Dieu avec le libre arbitre des hommes. Il est donc possible d’apprécier comment l’intérêt fondamental de Kilvington tourne autour des questions liées à la volonté humaine, à la nature de ses actes, à la cohérence de ses opérations et, en fin de compte, au bien ou au mal qui est réalisé en conséquence de choix faits librement, établissant ainsi un lien étroit avec les Quaestiones super libros Ethicorum publiées précédemment (2016).

Outre l’identification de cette divergence fondamentale, la comparaison entre Bradwardine et Kilvington permet de mettre en évidence d’autres aspects significatifs. Le partage d’une approche anti-ockhamiste, par exemple, s’accompagne d’un rapport différent à Jean Duns Scot : tandis que Bradwardine – dont la position repose sur une conception particulière du rapport entre pouvoir absolu et pouvoir ordonné en Dieu – évite presque complètement d’en citer les textes, la question 4 de Kilvington est au contraire largement fondée sur l’interprétation de quelques-unes des thèses du Docteur Subtil. Les auteurs, par le biais de tableaux synoptiques nombreux et commodes, soulignent à la fois l’acuité interprétative de Kilvington et sa connaissance de première main des textes de Duns Scot. En réfléchissant, par exemple, sur le statut ontologique de l’acte de volonté, il se réfère explicitement à l’Ordinatio, I, d. 17, et discute en profondeur le problème de la proportion entre l’intensité ontologique de la faculté-volonté et l’intensité de l’acte produit par elle (p. 41-44). En abordant les arguments de Scot, Kilvington montre aussi le caractère novateur du calcul des proportions et, par conséquent, l’importance que la réflexion mathématique peut revêtir à l’intérieur des questions philosophiques et théologiques. Les auteurs soulignent très soigneusement cet aspect, qui mérite notre attention : par exemple, si l’on suppose que deux actes volitifs sont l’un deux fois plus intense que l’autre (A = 1 ; B = 2), le rapport (proportio) de ce dernier au premier sera double (B = 2A) ; mais si l’on soustrait des deux actes un même élément, de même intensité (l’influence divine comme cause concomitante), on fera varier en conséquence non seulement l’intensité des deux éléments, mais aussi le rapport qui les lie. « Cet exemple témoigne de la position méthodologique de Kilvington, qui estime que les preuves mathématiques éliminent tous les doutes et devraient être appliquées dans toutes les disciplines, y compris la théologie » (p. 45).

Au terme de cette confrontation très serrée entre les deux positions, il devient possible d’apprécier la valeur de l’introduction très complète placée avant l’édition critique, résumant bien le sens profond des deux approches et montrant, en conclusion, l’intérêt pour l’éthique qui sous-tend la réflexion de Kilvington (p. 85-86) : « En raison de leur adhésion à des théories disparates, Bradwardine et Kilvington proposent des solutions fondamentalement différentes au problème de la prescience de Dieu et du libre arbitre. Bradwardine soutient que tous les événements futurs se produisent nécessairement en vertu du pouvoir ordonné de Dieu. Par conséquent, tout ce qui arrive arrive nécessairement. Dieu peut faire autrement en vertu de son pouvoir absolu. Il en va de même pour les individus : ils peuvent également agir autrement. En revanche, Kilvington affirme que seul ce qui est révélé de manière absolue en vertu du pouvoir absolu de Dieu (comme les articles de foi) dépend directement de la volonté divine ; les événements futurs qui dépendent du libre arbitre de l’homme ne se produisent pas nécessairement. Par exemple, il peut arriver qu’une personne prédestinée au salut ne soit pas sauvée à cause du mauvais usage qu’elle fait de son libre arbitre. Alors que la conception de Bradwardine ne laisse de place au libre arbitre humain que pour accomplir de mauvaises actions, celle de Kilvington accorde à l’homme une liberté considérable, non seulement pour pécher, mais avant tout pour intensifier ses bons actes de volition. »

L’édition critique est précédée d’une étude des manuscrits (p. 87-91), relativement détaillée, mais qui – pour des raisons évidentes – reste liée au travail de description et de reconstruction déjà effectué par Monika Michałowska à l’occasion de l’édition critique de la question 3 (2021, p. 21-49). Le texte de la question 4 est contenu dans seulement cinq manuscrits (A B G H K), qui transmettent également d’autres matériaux. Les auteurs en résument le contenu, et donnent de brèves descriptions des autres contenus qui ne sont pas de Kilvington.

En ce qui concerne l’étude de la tradition manuscrite, comme aucune nouvelle indication ne propose une révision de la reconstruction effectuée à l’occasion du volume précédent contenant l’édition critique de la question 3, les auteurs préviennent (p. 92) qu’ils ne fourniront que des commentaires essentiels sur les familles et les relations entre les manuscrits, en donnant quelques exemples à partir de la question 4. La tradition manuscrite des Quaestiones super libros Sententiarum de Kilvington se divise en deux grandes familles : A B C G H d’une part (famille 1) et D E F I J K L d’autre part (famille 2). En ce qui concerne la famille 1, les omissions et les variantes partagées permettent d’identifier B C G comme un sous-groupe, tandis que l’appartenance de A à cette famille est déduite de l’omission de quelques passages substantiels, et non de mots isolés, partagés avec les manuscrits B et G (p. 94) ; le manuscrit H transmet une version de mauvaise qualité, principalement en raison d’abréviations assez marquées (p. 92-93). En ce qui concerne la famille 2, D I J L constituent un sous-groupe avec un antigraphe commun (p. 95-96), tandis que les manuscrits E et F présentent des caractéristiques partagées avec ce sous-groupe et d’autres avec le manuscrit K, qui ne fait pas partie de la première famille ; par conséquent, leur localisation exacte reste complexe à établir.

En ce qui concerne les principes de l’édition critique, les auteurs expriment leur préférence marquée pour A B (famille 1) et K (famille 2) comme manuscrits de base. En raison de son caractère très abrégé, H a été partiellement collationné et finalement exclu de l’appareil des variantes (p. 92-93 et 100). Le manuscrit G présente plusieurs leçons problématiques et un nombre important d’omissions. Une collation complète a donc été effectuée pour les seuls manuscrits A B G K. Le texte de base est la version de A, corrigée le cas échéant avec B et K (p. 100). Les auteurs résument aussi clairement les critères de l’apparat critique, dans lequel sont contenues toutes les variantes, omissions et additions des quatre manuscrits collationnés, pour autant qu’elles soient partagées par au moins deux manuscrits ou qu’elles soient jugées pertinentes pour la restitution du texte critique. Le texte latin a été normalisé selon les règles du latin classique et la ponctuation a été insérée conformément aux conventions modernes. Les arguments avancés par Kilvington ont été identifiés par des lettres, des chiffres ou des combinaisons de lettres et de chiffres, afin de faciliter l’identification de ceux auxquels une réponse fait suite, même à plusieurs pages d’intervalle. L’édition est précédée d’une bibliographie pratique, qui permet d’interpréter les notes de bas de page et d’identifier les éditions imprimées ou critiques pertinentes (p. 105-112) ainsi que d’une bibliographie complète (p. 113-117).

L’édition de la question 4 occupe les p. 119 à 205 du volume. La structure de la question est déterminée par l’ordre choisi par Kilvington : (1) présentation de quelques opinions (p. 121-132) ; (2) formulation de l’opinio propria (p. 132-135) ; (3) réponse aux arguments d’ouverture (p. 135-205). La position de Bradwardine est explicitement mentionnée dans la section 3 p. 138-141 et est combattue aux p. 141-152 ; aux p. 152-154, Kilvington propose 12 conclusiones à l’appui de sa thèse, qui sont suivies des objections et contre-réponses habituelles. L’une d’entre elles constitue une sorte de section autonome, appelée dubium, « Est-ce que tout ce qui arrive arrive par nécessité ? » (p. 160-205), au sein de laquelle on trouve une autre série de conclusions représentant l’opinion de Kilvington (p. 169-170). Les éditeurs indiquent toutes les subdivisions internes du texte en les mettant entre crochets, facilitant ainsi la lecture du texte. Le volume se termine par un index des noms (p. 207-209) et un autre des ouvrages cités (p. 210-214), qui comprend un index biblique sous la rubrique « Biblia Sacra vulgatae editionis ».

L’équilibre parfait entre l’étendue du texte critique et de l’introduction nous amène à réfléchir attentivement à la complexité de la question de Kilvington. L’effort évident pour rendre le texte de Kilvington utilisable grâce à son introduction détaillée augmente la valeur du livre. De plus, la complexité des questions abordées par Kilvington souligne l’intérêt philosophique de cette pensée fascinante du XIVe siècle, dont beaucoup de subtilités restent à découvrir dans les manuscrits. De ce point de vue, le service – inestimable – que chaque auteur d’une édition critique rend à l’ensemble de la communauté des chercheurs échappe à toute logique de calcul et nous permet de peser avec un intérêt renouvelé ce qu’André Combes observait déjà dans son introduction à l’édition critique du Prologue de la Lectura de Jean de Ripa (1961, p. XIV) : « Tout d’abord, il semble aller de soi que la tâche de l’éditeur ne doive pas être dévalorisée par rapport à celle de l’historien. Elles sont complémentaires. Que ferait l’historien sans l’éditeur ? À quoi servirait l’éditeur, s’il n’y avait pas d’historiens ? Mais quand il s’agit du Moyen Âge, et spécialement du XIVe siècle, la situation faite à l’histoire oblige à proclamer : éditeur d’abord ! En effet […] dès que les médiévistes s’éloignent de saint Thomas d’Aquin ou de Duns Scot, de saint Bonaventure ou de Guillaume d’Ockham, ils voient s’ouvrir devant eux d’immenses régions dont la surface est à peine moins inconnue que les profondeurs. […] La seule méthode honnête est de promouvoir les explorations nécessaires, c’est-à-dire d’encourager les éditeurs et de multiplier les éditions. »

Andrea Nannini

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Pour citer cet article : Richard KILVINGTON, Talks to Thomas Bradwardine about Future Contingents, Free Will, and Predestination. A Critical Edition of Question 4 from Quaestiones super libros Sententiarum, éd. Elżbieta Jung et Monika Michalowska, « Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters » 134, Leiden-Boston, Brill, 2023., in Bulletin de philosophie du Moyen Âge XXV, Archives de philosophie, tome 87/3, Juillet-Septembre 2024, p. 199-202.

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