Auteur : Jean-Côme Chalamon

 

Schmaltz, Tad M., « The Located Subject of Thought : Hobbes, Descartes, More », Revue de métaphysique et de morale, n° 113, 2022/1, p. 3-19.

Pour Descartes comme pour la plupart des commentateurs de Hobbes, l’argument de « l’Anglais » selon lequel il faudrait conclure du cogito la matérialité de la res cogitans est fondé sur un matérialisme de principe, d’abord formulé dans une théorie empiriste des idées se réduisant à des sensations. L’article montre ici que le matérialisme de Hobbes est moins « dogmatique » que cela : ce n’est pas à la théorie des idées de Hobbes qu’il faut le rapporter, mais à son « argument de la localisation » ainsi formulé dans la quatorzième des IIIae Objectiones : « nullibi est, non est – ce qui n’est nulle part n’est point du tout » (AT VII 193). L’auteur établit la persistance de ce principe dans la philosophie hobbesienne avant d’étudier sa discussion par H. More, qui s’en sert contre Hobbes lui-même, pour défendre l’existence de substances immatérielles étendues. Aussi pour More, Dieu, l’âme et les anges peuvent-ils bien être quelque part. T. M. Schmaltz montre ensuite, dans la correspondance entre Descartes et More, comment ce principe est discuté par Descartes pour qui Dieu, les anges ou notre âme, quoiqu’immatériels, possèdent « d’une certaine façon » (AT V 270) une étendue, au sens d’une « étendue de puissance » (AT V 342). Avec l’auteur, on admettra sans doute que la discussion entre Descartes et Hobbes sur la matérialité de la res cogitans sort enrichie de cette médiation par More – et donc, peut-être, que More a su nouer avec Descartes une discussion que Hobbes a pour sa part manquée.

Jean-Côme Chalamon (Sorbonne Université)

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Pour citer cet article : Schmaltz, Tad M., « The Located Subject of Thought : Hobbes, Descartes, More », Revue de métaphysique et de morale, n° 113, 2022/1, p. 3-19, in Bulletin cartésien LIII, Archives de philosophie, tome 87/1, Janvier-Mars 2024, p. 185-240.

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Hubert, Mathieu, « Paradoxes de la sottise entre Montaigne et La Bruyère », Revue internationale de philosophie, n° 299, 2022/1, p. 9-26.

Pourquoi un sot disant une vérité n’en est-il pas moins sot ? L’auteur étudie ce « paradoxe de la sottise » soulevé par Montaigne puis ses prolongements au XVIIe siècle chez La Bruyère. Ce paradoxe est levé par l’étude de la manière : la sottise n’est qu’une « sotte manière » de dire, indépendante de la vérité ou de l’erreur. Ainsi chez Montaigne : le pédant est un sot, mais un sot savant, qui manque l’occasion ou la manière de dire une vérité. Chez La Bruyère, cette sottise se dit « dans un contexte philosophique cartésien » grâce au « modèle » de la machine : la sottise est alors une « manière mécanique » d’agir et de parler, affirme justement l’auteur. Resterait à évaluer si ce modèle n’est qu’une image, offrant à La Bruyère une manière de dire la sottise, ou s’il lui permet véritablement de la conceptualiser. On peut douter que Vladimir Jankélévitch, qui guide visiblement l’auteur dans cette étude, permette de le déterminer.

Jean-Côme Chalamon (Sorbonne Université)

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Pour citer cet article : Hubert, Mathieu, « Paradoxes de la sottise entre Montaigne et La Bruyère », Revue internationale de philosophie, n° 299, 2022/1, p. 9-26, in Bulletin cartésien LIII, Archives de philosophie, tome 87/1, Janvier-Mars 2024, p. 185-240.

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