Auteur : Jean-Louis Poirier
POCHON-WESOLEK, Françoise, Descartes à la lumière de l’évidence. Exercice spirituel et controverse, Paris, L’Harmattan, 2018, 175 p.
POCHON-WESOLEK, Françoise, Descartes, penseur pré-critique ou platonicien ? Paris, L’Harmattan, 2018, 238 p.
Le premier de ces deux volumes, dont le contenu n’a rien à voir avec le sous-titre, prétend développer l’idée selon laquelle, pour D., il n’est pas possible de douter de l’évidence, sans jamais définir ou problématiser cette notion, sans même faire état de la célèbre Lettre à Mesland où est affirmé le contraire. On a affaire en fait à une paraphrase scolaire et plate des Méditations Métaphysiques, assortie de contresens ou d’inepties (citons quelques perles : p. 20, l’A. explique d’abondance que les « autres (alios) » – qui se trompent – désignent les autres que D., alors que ce latinisme renvoie évidemment aux hommes en général ; on apprend, p. 27, que mihi est un « pronom personnel au datif du verbe persuado » – passons sur le barbarisme qui estropie persuadeo ! sans oublier les fautes d’orthographe : « de paire » (sic !), p. 18, et derechef p. 33). Passons sur les facilités comme l’usage sans précaution de formules indignes, généralement évitées par D. (comme parler de « la glande pinéale », p. 131 ; ou abuser de la substantivation du verbe cogito ; on apprend également, p. 129, que le passage dit du « morceau de cire » se trouverait dans la Méditation troisième !). Ne parlons pas de la maladresse évitable qui consiste, plus que de raison, à corriger la traduction du Duc de Luynes, de préférence lorsqu’elle n’est pas fautive. On serait tenté de dire que cet ouvrage est sans objet s’il n’était clair que son auteur ne poursuit qu’un but, à peine voilé, et de façon obsessionnelle : critiquer les travaux de J.-L. Marion, même si, pour faire bonne mesure, Alquié, Beyssade, Laporte, Rodis-Lewis, sont eux aussi littéralement exécutés. Pourquoi pas ? Nul n’est à l’abri des discussions scientifiques. Malheureusement, on l’a compris, ce livre n’est pas au niveau.
Quant au second volume, comme si le premier ne suffisait pas à liquider le délire obsessionnel, il est encore consacré presque exclusivement à la réfutation de J.-L. Marion, brièvement suivi d’E. Scribano. Il n’ajoute rien au premier, et confirme la modestie des moyens théoriques mis en œuvre. Quant au platonisme de D., il se réduit à quelques approximations sur les Idées et à un rapprochement inattendu avec le « Connais-toi toi-même ». Par charité, nous ne relevons pas les fautes d’orthographe, de français, de latin – et même de grec –, lorsque ces langues, pour leur malheur, sont citées.
Jean-Louis POIRIER (IGEN honoraire, Paris)
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Pour citer cet article : Jean-Louis POIRIER, « Françoise Pochon-Wesolek, Descartes à la lumière de l’évidence. Exercice spirituel et controverse, Paris, L’Harmattan, 2018; Descartes, penseur pré-critique ou platonicien ? Paris, L’Harmattan, 2018 », in Bulletin cartésien XLIX, Archives de Philosophie, tome 83/1, janvier-mars 2020, p. 151-222.