Auteur : Laurent BOVE

 

Jean Matthys , Althusser lecteur de Spinoza. Genèse et enjeux d’une éthico-politique de la théorie, préface de Guillaume Sibertin-Blanc, Éditions Mimésis, 430 p.

Après l’ouvrage de J.-D. Sánchez Estop (cf. BBS XLV), c’est à nouveau de la Belgique (de l’université de Louvain-la-Neuve) que nous arrive une très riche recherche sur le rôle des écrits de Spinoza dans l’œuvre de Louis Althusser. Les deux ouvrages, assez différents quant à leur approche mais aussi quant aux thèses qu’ils soutiennent, se complètent toutefois puisque Jean Matthys, avant d’aborder les thèses althussériennes des années 1960, va d’abord longuement s’intéresser (dans ses chapitres 1 et 2) aux conditions de la réception du spinozisme dans les travaux de jeunesse du philosophe, pour se concentrer ensuite sur trois traits essentiels de l’importance de Spinoza dans Lire Le Capital : la théorie de la lecture symptomale et de l’idéologie (chapitre 3) ; la pensée de la science (chapitre 4) ; le rôle des concepts spinozistes dans la reconstruction du matérialisme historique (chapitre 5). Le sixième et dernier chapitre, « Éthico-politique de la théorie. Problématique et finitude », ouvre le spinozisme althussérien à une réflexion politique sur notre temps et sur la question d’un « marxisme de la finitude » encore à faire. C’est ainsi que, contrairement à Sánchez Estop, qui voyait dans les derniers textes des années 1980 sur le matérialisme aléatoire l’apogée théorique logique d’une œuvre dont le projet avait été de repousser indéfiniment les différentes figures de la transcendance, pour construire – avec Machiavel, Spinoza et Marx – une conception matérialiste de l’immanence radicale, Jean Matthys néglige ces derniers écrits dans lesquels il ne voit, bien au contraire, qu’une « impasse ».
Car ce qui intéresse principalement Matthys c’est, à partir de la première édition de Lire Le Capital (1965), d’éclairer « le cœur » théorique « de la signification éthico-politique du spinozisme d’Althusser ». Et aussi de déchiffrer, dès le mémoire de DES de 1947 (chapitre 1, « Hegel contre Spinoza ») et les « Rencontres (1948-1959) » (étudiées dans le chapitre 2), comment cette signification théorique (qualifiée de théoriciste) va s’affirmer en tant que « coupure » complexe et continuée avec l’idéologie…
L’Introduction déclare : « le “théoricisme” spinoziste d’Althusser se présente comme manière inédite de problématiser le rapport entre savoir et émancipation sur un mode qui ne soit pas celui de l’identification du sujet au lieu de la vérité, mais conçu comme stratégie et pratique collective de dessaisie de soi comme sujet dans un processus de pratique théorique acentré, asubjectif et “déspéculatif” par production de concepts complexes et “supplémentaires” » (p. 25). L’auteur privilégie donc l’invention d’une nouvelle pratique de la philosophie pour de nouvelles pratiques politiques émancipatrices.
Matthys examine alors la « génétique » de la thèse althussérienne. Premièrement, en étudiant le mémoire de 1947 et sa critique de Hegel (qu’Althusser lit à travers Kojève). Cette critique se développe d’abord sur le modèle du jeune Marx et elle est tournée contre Spinoza. Apparaissent cependant déjà, à travers ce premier écrit, une autre figure de Marx – celle du Capital – et de nouvelles notions qui prendront toute leur importance ultérieurement, comme l’idée de « structure » et celle du « primat de la nécessité (structurale) sur la liberté (subjective) » (p. 97-100). Apparaît également un nouvel usage de la dialectique qui, dans la « relation de double détermination réciproque et dynamique entre le structurant et le structuré, le conditionnant et le conditionné », peut se lire comme une « anticipation de la problématique ultérieure de la surdétermination » (p. 102). Dans cette « œuvre de coupure », Althusser « n’identifie pas encore Spinoza comme alternative théorique possible » (p. 119). Deuxièmement : si « l’hypothèque hégélo-kojévienne » a d’abord lourdement pesé sur Althusser, celle-ci va être levée, de 1948 à 1959, en plusieurs étapes dont trois s’avèrent décisives. D’abord, par la rencontre du Spinoza de L. Robinson où se trouvent aussi l’idée de « structure » et celle de l’acte causal de la production de la substance. Ensuite, par le cours d’agrégation de J.-T. Desanti qui fait découvrir à Althusser les « dimensions épistémologiques du spinozisme, réinscrites dans le contexte d’une lecture historique et politique de la doctrine du philosophe hollandais » (p. 129) ; par l’entremise de Desanti, Althusser s’inscrira au PCF en novembre 1948 ; il critique alors sévèrement en Hegel (et dans la lecture de J. Hyppolite) un « maître de la pensée bourgeoise » ; dans deux courts textes de 1953 – « À propos du marxisme » et « Note sur le matérialisme dialectique » – il formule (mais sans encore la nommer) la thèse de la coupure épistémologique entre le jeune Marx et les œuvres de la maturité (le caractère scientifique du matérialisme marxiste ne dépend pas, écrit-il, du simple « renversement » de la dialectique idéaliste, c’est la structure même de la dialectique qui est en question). Enfin, c’est en 1959 avec l’ouvrage sur Montesquieu qu’Althusser (tout en pointant les « insuffisances » de Spinoza) advient au « bord ultime » de son « devenir-spinoziste » en conceptualisant l’idée de détermination en dernière instance (p. 160-161).
La thèse centrale de J. Matthys (chapitres 2 à 5) montrera paradoxalement que le « théoricisme » (auquel Althusser a consacré lui-même, en 1974, des Éléments d’auto-critique) loin de faire basculer la pensée althussérienne en dehors de la question éthico-politique, était bien au contraire la « voie épistémologique » opératoire qui manifestait une « thèse éthico-politique profondément spinoziste » (p. 342-43) : celle de la « coupure » entre science et idéologie comme condition de possibilité d’une pratique politique émancipatrice. Matthys développe son argumentation tout en soulignant où se joue la différence d’Althusser et de Spinoza : à savoir la question de l’identité réelle de l’ordo et du connexio des idées et des choses que le philosophe marxiste refuse, comme il refuse l’ontologie spinozienne de la production et l’unicité de la substance (on lira, à ce propos, les fructueux débats que l’auteur ouvre avec G. Elliot, p. 285 sq.). Cf. aussi, dans plusieurs autres domaines, les analyses comparées entre Althusser et Deleuze aux p. 194, 202, 255, 272, 297, 301, 321, 346, 359, 371-72.
La thèse de J. Matthis qui fait le choix de la filiation « lacanienne » dans la construction du marxisme-spinoziste althussérien – par-delà les mises en garde d’une partie du camp althussérien qui conduira Althusser à ne pas reproduire certains textes dans la seconde édition de Lire Le Capital et à supprimer les termes de « cause absente » ou de « causalité métonymique » – laisse dans l’ombre le rôle qu’a pu jouer la lecture, dès 1962, de Machiavel dans la genèse spinozienne de l’œuvre. On comprend cependant cet effacement si, comme le soutient J. Matthys, le sens politique principal du spinozisme althussérien dans sa lecture de Marx, est essentiellement dans et par sa pratique théorique spécifique (et la coupure épistémologique continuée qu’elle implique) pratique théorique qui devient ainsi l’enjeu majeur et collectif d’une émancipation qui porte avec elle le dépassement de l’opposition entre travail intellectuel et travail manuel. D’où ce que l’auteur nomme un « aristocratisme de masse » et, par-delà tout fondement et toute garantie, dans « une finitude essentielle et positive » la position d’une unité de la théorie et de la pratique toujours à faire, « toujours risquée, à produire et à rectifier sans cesse au fil des différentes configurations prises par la lutte des classes » (p. 293). La recherche de Jean Matthys, par son questionnement spécifique, son tranchant théoriciste, sa précision et sa rigueur, est une contribution majeure, tant aux études athussériennes et spinozistes qu’aux débats contemporains sur les conditions théoriques d’une politique d’émancipation radicale.

Laurent Bove

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Pour citer cet article : Jean Matthys , Althusser lecteur de Spinoza. Genèse et enjeux d’une éthico-politique de la théorie, préface de Guillaume Sibertin-Blanc, Éditions Mimésis, 430 p., in Bulletin de bibliographie spinoziste XLVI, Archives de philosophie, tome 87/4, Octobre-Décembre 2024, p. 193-218.

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Gonzalo RICCI CERNADAS : La multitud en Spinoza. De la física a la política, Buenos Aires, Ragif Ediciones, 188 p.

Gonzalo RICCI CERNADAS : La Multitude chez Spinoza. De la physique à la politique, Paris, L’Harmattan, 184 p. (traduction de l’ouvrage précédent)

Gonzalo Ricci Cernadas – jeune chercheur postdoctoral du Centre national de la recherche scientifique et technique argentin – revient sur le commentaire décisif du concept de multitudo par Antonio Negri (L’Anomalia selvaggia. Saggio su potere e potenza in Baruch Spinoza, 1981 ; trad. française 1982). C’est à partir de cette étude que la « multitude » va être tenue pour l’agent politique par excellence dans l’œuvre de Spinoza. Et c’est à la question du « sujet » politique (et de la lecture qu’en a donnée Negri) que va être consacré le livre selon trois axes de réflexion : le corps, la multitude et l’État. La « multitude » jouant le rôle central, les trois notions ne sont alors considérées que comme des « points de vue » sur la multitudo comme sujet politique. Car c’est la multitude qui explique aussi bien le concept de corps que celui de l’État : des concepts qui, selon G. Ricci Cernadas, tendent à s’identifier du fait de la nature multitudinaire du corps et de l’État. Contre ceux qui conçoivent la singularité de la multitude dans sa résistance à l’État, il s’agit, bien au contraire, de « penser la multitude avec le corps et avec l’État, puisqu’elle est aussi corps et État » (p. 28). Cette identification tendancielle va conduire à une critique de la thèse d’A. Negri. Celui-ci, écrit l’auteur, « rejette toute forme de représentation ou de médiation élaborée par l’État » au profit de l’opposition radicale entre la « démocratie absolue » (qu’enveloppe la puissance de la multitude) et des institutions qui apparaissent comme autant d’instances transcendantes « dont le pouvoir est nécessairement préjudiciable à celui de la multitude » (p. 124). Une contradiction (dans la pratique) que vient justifier, dans la lecture négrienne, la diamétrale opposition des concepts de potentia et de potestas.

L’auteur relève, d’abord, les « petites modifications et nuances » en regard de la physique cartésienne tout en soulignant ce qu’apportent de « dynamique et non d’extensif » (p. 35) les Principes de la philosophie de Descartes qui ouvrent, de fait, la voie à une lecture immanentiste de la création continuée et, par-là, à la doctrine du conatus. La physique d’Éthique II, 13, radicalise cette position en concevant la matière « comme un réseau de corps toujours liés les uns aux autres comme s’il s’agissait d’un système rationnel » ; nous avons alors « une physique géométrique » (p. 46) qui va devenir – là est la « grande innovation » – une « physique de nature dynamique » lorsque Spinoza passe à la définition d’un « corps composé ou individuel » (p. 48) dont l’individuation dépend d’une détermination extérieure qui porte sur la « forme » de l’individu. Et c’est cette « innovation » qui permet de comprendre le passage d’une physique des corps à l’étude rationnelle de la multitude et de l’État comme corps composés (p. 51-52). Après une belle réflexion sur les études que Balibar puis Chaui consacrent à la « multitude », l’auteur poursuit sur la distinction du « citoyen » et du « sujet » (p. 80-86) avant d’aborder le chapitre sur « L’État » et la discussion ouverte par la question : « l’État est-il un individu ? » (où sont analysées les positions de Matheron, Rice, Balibar, Moreau, Lordon…). L’étude des concepts de potentia et de potestas donne lieu à de très bonnes pages, bien informées (p. 114-126) qui aboutissent – à travers la remise en question de la distinction négrienne et une référence positive aux travaux d’Abdo Ferez –, à l’établissement d’une égalité entre les termes.

L’ensemble de l’étude de Gonzalo Ricci Cernadas conduit ainsi, mais par d’autres voies, à une position proche de Tumulti e Indignatio. Conflitto, diritto e moltitudine in Machiavelli e Spinoza (2004), de Filippo del Lucchese, et à sa thèse sur le rôle productif du « conflit » ; un ouvrage dont Negri avait préfacé élogieusement l’édition française (2010) en reconnaissant effectivement combien, dans L’Anomalia selvaggia, en donnant au concept de potentia la plus grande importance, il avait entretenu l’« effet équivoque de présenter la puissance comme antérieure au pouvoir », et par là « de poser le rapport entre pouvoir constituant et formalisme de la loi d’une manière antinomique, presque manichéenne »… G. Ricci Cernadas, qui a souhaité revenir sur la question, l’a fait avec de nouvelles analyses, bien informées, mais aussi, parfois, avec de trop grandes simplifications et des facilités comme, par exemple, quand il identifie les « institutions » – en général – et la « représentation » étatique – en particulier – (p. 161), ou lorsqu’il traduit par « État » les notions d’imperium et de civitas, dans les formulations de TP, II, 17 : « Hoc jus, quod multitudinis potentia definitur, imperium appelari solet » ; ou dans Éthique, IV, 37 sc. 2 : « Haec autem societas, legibus et potestate sese conservandi firmata, civitas appellatur »… L’intérêt philosophique ainsi que la clarté de la thèse et du plan de G. Ricci Cernadas sont indéniables, mais le livre mérite (plutôt) d’être lu dans sa langue originale, car la traduction française qui nous est donnée pèche – ce qui est dommage – par une maîtrise insuffisante de la langue.

Laurent Bove

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Pour citer cet article : Gonzalo Ricci Cernadas : La Multitude chez Spinoza. De la physique à la politique, Paris, L’Harmattan, 184 p., in Bulletin de bibliographie spinoziste XLV, Archives de philosophie, tome 86/4, Octobre-Décembre 2023, p. 187-216.

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Juan Domingo SÁNCHEZ ESTOP : Althusser et Spinoza, Détours et retours, avec trois textes inédits de Louis Althusser sur Spinoza, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 298 p.

Ce livre décline les concepts fondamentaux et les grandes lignes spinozistes du combat philosophique et politique de Louis Althusser, corrélatif d’un retour à Marx qui est aussi un retour à Spinoza : combat d’abord pour une lecture adéquate du Capital, ensuite pour penser une histoire qui est celle de l’immanence matérialiste. L’auteur analyse le rapport constituant d’Althusser à Spinoza selon cinq grandes étapes : celle de l’anti-humanisme, ou de la coupure ; celle de la lecture ; celle de la structure ; celle de la conjoncture et du retour du sujet selon le schéma d’une topique de détermination multiple ; celle, enfin, de l’aléatoire. Le livre débute par l’examen de la querelle sur l’humanisme : les tenants de l’humanisme marxiste trouvaient leurs références philosophiques dans les textes du jeune Marx et, sur le plan politique, dans le processus idéologique de déstalinisation. Dans ce contexte, l’intervention théorique « anti-humaniste » de Louis Althusser – qui, à la transcendance politique de la pensée d’appareil du Parti, substitue un « appareil de pensée » conçu à partir de l’idée spinoziste de la pensée comme attribut d’une substance immanente – est inséparable d’une volonté politique de refondation théorique du marxisme-léninisme et aussi de l’appareil du Parti. Althusser va, d’une part, refuser que la philosophie de Marx soit recherchée dans des textes de jeunesse ; il va, d’autre part, démontrer que « l’humanisme » a partie liée avec une problématique qui, en plaçant l’idée « d’homme » au centre du dispositif de pensée, est devenue un véritable obstacle épistémologique à la compréhension de la logique immanente du Capital (texte dans lequel la philosophie matérialiste marxiste existerait « à l’état pratique »). L’anti-humanisme théorique althussérien manifeste donc, en premier lieu, une prise de position spinoziste selon laquelle l’homme n’est pas un empire dans un empire.
Après une proximité idéologique avec le courant structuraliste, trop entremêlé avec le « détour par Spinoza » qu’ont dû effectuer Althusser et ses élèves (Balibar, Macherey, Rancière, Establet) pour redécouvrir le vrai Marx (une tendance « structuraliste » condamnée, par la suite, comme « déviation théoriciste » et oubli de la politique dans la théorie, dans Éléments d’auto-critique), J.-D. Sanchez montre combien la lecture d’Althusser s’efforce, avec l’idée de structure, d’expurger systématiquement de son champ théorique tout résidu de transcendance. Il en va ainsi de l’interprétation des notions de dialectique et de contradiction dont il s’agit, en premier lieu, de penser la nature immanente en expulsant la téléologie enveloppée dans la logique hégélienne de la négation de la négation et son dépassement dialectique (l’Aufhebung) qui ne développent qu’une « immanence idéologique » dans « l’illusion d’une immanence de la vérité ». D’où l’usage des nouveaux concepts du « tout structuré complexe » et de « surdétermination » pour penser la réalité de la formation sociale et de ce que Marx avait appelé la détermination en dernière instance. Mais la structure (comme « tout ») – encore interprétée comme « virtuelle » par ses premiers lecteurs (dont Gilles Deleuze) – sera, elle-même, suspectée d’une transcendance implicite puisque son usage, après la première édition de Lire Le Capital, a pu être reçu (sous l’influence de concepts venus de la psychanalyse lacanienne) comme l’efficace d’une « cause absente » et/ou d’une « cause métonymique ». La seconde édition de Lire Le Capital rectifiera les passages en question en privilégiant le concept de « causalité structurale » en précisant, d’une manière spinoziste, sa fonction de cause immanente. Mais la rectification spinozienne ne s’arrête pas là ; la causalité structurale laissera elle-même place au concept de causalité aléatoire par lequel Althusser souligne, dans ses derniers écrits, la radicalisation indéfinie de sa position immanentiste : la notion d’aléatoire indiquant, à présent – une nouvelle fois encore, avec Spinoza et un Machiavel devenu spinoziste –, l’importance d’une causalité structurale immanente qui, émancipée du principe de raison, est à présent le toujours-déjà d’une pluralité infinie irréductible.
En regard de la tension, tout au long de l’œuvre, entre l’idée de « structure » et l’idée de « procès », puis de la redécouverte décisive de Machiavel et l’avènement corrélatif d’une pensée de la « conjoncture » et de la « rencontre », le livre de J.-D. Sanchez montre avec beaucoup de précision combien les concepts althussériens ont toujours proposé des divisions spinozistes renouvelées entre immanence et transcendance. L’entreprise de recherche de J.-D. Sanchez, qui s’appuie sur les archives de l’IMEC et qui a bénéficié de l’accès à la correspondance entre Althusser et Pierre Macherey, est grandement utile : c’est aujourd’hui le livre de référence (et de synthèse) de l’importance déterminante du travail de l’œuvre de Spinoza dans la constitution de l’aventure intellectuelle et politique de Louis Althusser.

Laurent Bove

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Pour citer cet article : Juan Domingo Sánchez Estop : Althusser et Spinoza, Détours et retours, avec trois textes inédits de Louis Althusser sur Spinoza, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 298 p., in Bulletin de bibliographie spinoziste XLV, Archives de philosophie, tome 86/4, Octobre-Décembre 2023, p. 187-216.

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