Auteur : Olivier Boulnois

 

Sylvain PIRON, Généalogie de la morale économique. L’occupation du monde, t. 2, Le Kremlin-Bicêtre, Zones sensibles, 2020, 448 p.

Cet ouvrage fait partie d’un projet plus vaste : penser l’occupation du monde, au double sens de droit du premier occupant, et d’exploitation de celui-ci. Comme l’indique le titre, Sylvain Piron utilise ici une méthode nietzschéenne : la généalogie, qui permet de discerner parmi les formes du présent les idoles mortes et les forces vives. Comme chez Nietzsche, cette généalogie tient à la fois du pamphlet, de l’histoire et de l’analyse conceptuelle : appeler au renversement de toutes les valeurs, c’est destituer la valeur régnante, c’est-à-dire précisément le règne de la valeur marchande. Partant d’un diagnostic tranché, l’auteur estime que la société industrielle arrive maintenant à une impasse : la catastrophe climatique et économique est à ses yeux déjà là. Sans avoir la naïveté de proposer l’abolition du système économique actuel, ni de proposer un remède unique, l’auteur suggère, au lieu de mesurer les biens d’après leur valeur marchande, de mettre au premier plan le bien-être collectif, un bien-être qui n’est pas seulement celui des hommes, mais celui de toute la nature (la biosphère). L’auteur ne prétend pas fournir un propos systématique, mais étudier le destin de l’Occident sous diverses perspectives qui ne sont pas exactement superposables. Son objectif est de fournir les éléments d’une « nouvelle philosophie politique, qui ne mettrait plus au centre du tableau l’individu souverain, ni même des sociétés humaines satisfaites d’elles-mêmes » (p. 352), mais un ensemble d’êtres vivants en constante interaction, et appartenant à l’écosystème planétaire.

Ouvrage engagé, ce livre est aussi celui d’un grand érudit, qui utilise l’histoire pour penser, et détruire les représentations trompeuses et réductrices. Il montre que les concepts qui se donnent aujourd’hui pour des mécanismes implacables et des évidences inéluctables sont en réalité des constructions humaines ; restituer leur origine, c’est restaurer l’homme contre le mécanisme. S. Piron montre concrètement que nos concepts fondamentaux ne sont pas nés avec l’ère moderne, mais qu’ils ont une préhistoire de longue durée, essentiellement médiévale (ce qui va de soi pour tous les médiévistes, mais ils sont si peu nombreux). Une fois le diagnostic établi, l’auteur propose une lecture minutieuse du Moyen Âge, entendu comme « l’altérité la plus proche du monde moderne ». Autrement dit, ce que l’histoire de la modernité refoule toujours, le Moyen Âge, est une réalité à géométrie variable : c’est la part d’oubli dans chaque histoire (et d’abord dans celle des théories économiques). C’est d’ailleurs pourquoi, réciproquement, lorsque S. Piron le sort de son occultation, ce Moyen Âge remonte souvent à l’Antiquité, juive, grecque et romaine. Du point de vue de la méthode, S. Piron utilise tantôt l’iconographie, tantôt la lexicographie, tantôt l’histoire des concepts et des textes, tantôt l’histoire des religions, toujours au service de la longue durée et d’une déconstruction des concepts contemporains.

Le livre se compose d’une douzaine d’études, en deux parties, précédées par deux chapitres d’introduction. La plupart ont déjà été publiées sous forme d’articles, mais toutes sont remaniées, mises à jour et adaptées au projet d’ensemble.

L’introduction est une critique de l’époque, au ton apocalyptique. Le premier chapitre, « Exorcisme du capital », décrit avec vivacité les conséquences du réchauffement climatique : « Il n’y a plus besoin de faire un grand effort d’imagination pour entrevoir la catastrophe. Nous y sommes » (p. 9). Mais aussi la mutation financière de l’économie (« destruction continue de l’emploi industriel », p. 24). Malgré cela, remarque S. Piron, aucun effort de renouvellement conceptuel majeur n’a été tenté. L’économie continue à être pensée, non plus comme le moyen qu’elle était chez Aristote, mais comme une fin en soi, qui implique « la marchandisation généralisée » et « la tyrannie de l’efficacité » (p. 11), détruisant la gratuité et le temps libre. Vient alors la thèse : « cette domination de l’économie vient de très loin » (p. 13) : la pensée économique contemporaine est en fait une « théologie économique » (p. 13). Elle repose sur des dogmes qui ne sont rien d’autre que des concepts théologiques médiévaux sécularisés : le travail comme activité qui doit occuper le temps profane, l’idée que les agents sont rationnels, qu’à la suite du péché originel, ils ne peuvent plus rechercher que leur propre intérêt, et qu’une main invisible gouverne les marchés (p. 13). S. Piron trouve pourtant une supériorité aux analyses des théologiens médiévaux : d’abord, ceux-ci avaient conscience de leur théologie, ensuite, ils inscrivaient leur concept dans un cadre plus large, car ils énonçaient distinctement ce que les modernes tiennent pour allant de soi, « les conditions de possibilité institutionnelles et morales de l’échange marchand » (p. 14). Leur projet était éthique : ils partaient d’une doctrine du libre arbitre, condition de possibilité de la réception du salut, et orientaient tout le comportement économique vers le bien commun.

S. Piron n’hésite pas à dessiner la société du futur, à partir de principes évidemment louables (« subordonner les intérêts économiques à des finalités écologiques et sociales plus élevées », p. 29). Mais, avec prudence, il se limite à des principes strictement négatifs : plutôt que d’abolir le capitalisme, il recommande de « brider et d’encadrer les dispositifs susceptibles de produire une aggravation » de la situation sociale et environnementale. Car il est beaucoup plus difficile d’énoncer ce que serait un but légitime, partagé par tous (p. 36).

Le chapitre 2 (« Mythologies du travail ») prépare la première partie en montrant que l’ensemble du discours néolibéral contemporain est en réalité un résidu de réflexions théologiques : à partir de Margaret Thatcher (« Il nous est demandé de travailler et d’employer nos talents pour créer des richesses », p. 39), il remonte à Benjamin Franklin, Duns Scot, et saint Jérôme (« Active-toi à quelque ouvrage, que le diable te trouve toujours occupé », p. 39).

Après cette introduction, la première partie explore les mythologies chrétiennes du travail, c’est une sorte de généalogie des images et des concepts fondateurs, qui explore l’inconscient historique de l’économie occidentale. Cette partie se compose de deux sections. La première comprend trois études consacrées à la mythologie du travail qui découle de la réception de la Genèse (chapitres 3 à 5). Ces chapitres sont consacrés à diverses images, gravées dans notre inconscient visuel ou dans notre mémoire textuelle, qui contribuent de manière symbolique et mythologique à nos représentations du travail. Le chapitre 3, « Ève au fuseau » est particulièrement remarquable : alors que le travail, dans la Genèse, est la malédiction d’Adam (Ève étant, comme chacun sait, vouée à la douleur de l’accouchement), pourquoi l’iconographie médiévale a-t-elle peu à peu mis en place une image d’Ève filant, symétrique d’Adam bêchant, et détachée de toute connotation négative ? Précisément parce que le Moyen Âge accorde à la vie laborieuse une très haute valeur. – Ce chapitre se consacre surtout à la mise en place du schéma iconographique, mais il aurait pu évoquer les portails des grandes cathédrales, pour lesquelles le thème est presque devenu un passage obligé (Chartres, Strasbourg, Laon, etc.).

Le chapitre 4 est consacré à « Adam jardinier ». Ici, S. Piron part du problème de la crise écologique : il reprend le célèbre article de Lynn White, sur « les racines historiques de notre crise environnementale », malheureusement sans le discuter, afin de poser la question : le christianisme est-il à l’origine de l’exploitation (et de la dévastation) de la terre ? Il faut d’abord se demander ce que veut dire « cultiver le jardin » (Genèse 2, 15 : ut operaretur). Les réponses des exégètes oscillent entre : entretenir le jardin, éviter l’oisiveté, user frugalement, etc. On y retrouve la question classique du Beruf selon Max Weber (à la fois profession et vocation dans le protestantisme luthérien). Mais c’est surtout Augustin qui, pour l’auteur, semble déterminant ; selon l’évêque de Carthage, même si cette mission a été donnée à Adam avant le péché, sa signification se révèle après le péché originel : il s’agit de redresser la nature pour la reconduire vers son état originel (Augustin, p. 102). Conclusion : « Lynn White avait entièrement raison » (p. 103). – La démonstration ne m’a pas convaincu : jardiner n’est pas exploiter, et finalement le support textuel pour cette idée de restauration n’est pas trouvé chez Augustin, mais chez John Donne. Quoi qu’il en soit, et dans le sens d’une orientation vers le travail dès sa création, l’auteur aurait dû citer Job 5, 7 : « L’homme a été créé pour travailler et l’oiseau pour voler », un texte souvent invoqué à partir du XIVe siècle.

Je mentionnerai pour mémoire le chapitre 5, « L’expulsion de la déesse », qui est un peu hors sujet, car l’auteur y soutient que le récit biblique de la Genèse a occulté volontairement l’existence d’une Asherah, déesse féminine parèdre de Yhwh – stimulante suggestion, et intéressante contribution aux women studies, pour laquelle je m’avoue sans compétence.

La deuxième section de la première partie comprend deux études qui lient ensemble « le christianisme augustinien et le capitalisme » (p. 65), sur l’occupation du temps et le concept d’industria. Le chapitre 6 est consacré à « l’occupation du temps ». L’auteur revient ici d’une manière plus approfondie sur l’idée étrange qu’il faudrait occuper chaque instant de son temps. « Time is money » disait Benjamin Franklin. Mais avant lui les Pères du désert avaient peur qu’au jugement dernier, on ne leur dise : « Tu pouvais travailler et tu ne l’as pas fait ! » (p. 177). S. Piron expose ainsi le sens positif du travail manuel, y compris pour des moines qui se vouent à la prière perpétuelle (p. 182), ce qui est encore plus probant que la devise des Bénédictins Ora et labora (mais celle-ci aurait pu être mentionnée). À juste titre, S. Piron remonte même à saint Paul (ou à un deutéro-Paul) : en attendant la fin des temps, que les hommes « travaillant dans le calme, mangent leur propre pain » (II Thessaloniciens 3, 12 ; voir I Thessaloniciens 4, 11 : « vivre dans le calme » et « travailler de vos mains »). – Il me semble qu’il faudrait aller plus loin, et souligner que le rapport chrétien au temps est d’espérer l’avènement du Messie en « rachetant le temps », selon l’expression d’Éphésiens 5, 16 : ἐξαγοραζόμενοι τὸν καιρόν, redimentes tempus (de même que John Donne parlait de redresser la nature).

Le chapitre 7 porte sur l’origine du concept d’industrie. Industria désigne d’abord « l’habileté manuelle ou l’ingéniosité par lesquelles une action est menée à bien, en persévérant dans un effort assidu, soigneux et vigilant » (p. 208). Dès le Moyen Âge, s’établit un parallélisme entre le labeur (qui implique un effort physique) et l’industrie (qui suppose des activités intellectuelles), un couple qu’on retrouvera chez Adam Smith et Jean-Baptiste Say (p. 218-219). Le sens moderne apparaît lorsqu’on transpose ces qualités individuelles à une activité sociale : l’auteur l’attribue à Giovanni Botero, qui y voit la cause de l’enrichissement urbain : « mot sous lequel j’embrasse toute sorte de trafic (traffico) et de marchandise (mercanzia) » (p. 216). Le sens moderne est donc acquis dès la Renaissance, bien avant Adam Smith. – Ce chapitre de lexicographie savante établit donc une passionnante généalogie du concept d’industrie, parallèle à celle du travail (d’origine monastique), et s’achevant, comme chacun sait, par sa réduction à un processus objectif de transformation de la matière.

La deuxième partie explore les présupposés de la pensée économique, en retraçant la généalogie de ses concepts fondamentaux (valeur, risque, capital, monnaie, etc.) – le chapitre 8 s’intitule « Généalogie de la valeur ». S. Piron étudie le vocabulaire de l’achat, du paiement, de l’acquittement d’une dette, puis celui du prix. Le concept de valor désigne ainsi à l’origine tout ce qui mérite l’estime, donc la mesure d’une estimation. Son usage pour qualifier un bien apparaît au XIIe siècle (p. 236), mais c’est surtout Albert le Grand qui l’a introduit, pour définir les termes d’un juste échange entre des biens de nature différente (entre les sandales du cordonnier et la maison du maçon, Aristote, Éthique à Nicomaque V, 1 133 a 18 sq.). Mais il le fait, là même où Aristote ne l’employait pas, puisque pour lui, « l’étalon, en vérité, c’est le besoin » (1 133 a 28). À partir d’Albert et jusqu’à Marx, consciemment ou non, les lecteurs liront chez Aristote une « théorie de la valeur » qui ne s’y trouve pas ! De plus, Albert exige de disposer d’un terme qui mesure la fluctuation des monnaies (p. 250) : la réflexion sur la valeur ouvre non seulement à une meilleure compréhension de l’échange, mais aussi à une analyse plus rigoureuse de la monnaie.

Le chapitre 9 est consacré à la relation entre le concept de risque et celui de capital. S. Piron y soutient que le mot risque est emprunté à l’arabe, introduit dans la langue latine au XIIe siècle par les Pisans (p. 282). Ici, Pierre de Jean Olivi, dont S. Piron est un spécialiste, apporte des analyses remarquables : il justifie la rémunération du capital en fonction du risque supporté par l’apporteur (p. 289).

Le chapitre 10 est consacré à la relation entre monnaie et souveraineté. L’auteur y part des célèbres dévaluations de la monnaie pratiquées par Philippe le Bel ; il montre comment ces événements ont donné lieu à des réflexions critiques abondantes, qui conduisent à un renouvellement de la pensée économique.

Le chapitre 11, « Le devoir de gratitude », porte sur le concept fondamental de contre-don, antidoron. Il oblige à situer les échanges économiques dans un cadre plus vaste, celui, révélé par Marcel Mauss, des échanges somptuaires, où tout don suscite un contre-don. Or le concept d’antidoron permet de justifier l’usure : dans le prêt à intérêt, le donataire est tenu, non seulement à restituer le capital, mais à faire un contre-don (antidoron, ou antidota) envers le donateur (p. 334) : l’intérêt est une « digne récompense » pour un service rendu (Robert de Courçon, p. 337). Ainsi, la théorie moderne des marchés doit se rappeler qu’elle n’est qu’un cas particulier, et que toute théorie économique sérieuse doit inclure la possibilité d’échanges désintéressés.

Le chapitre 12 tient lieu de conclusion. Il nous reconduit au projet philosophique et au schéma pamphlétaire d’ensemble. Placé sous le patronage de Nietzsche (« Même le plus courageux d’entre nous a rarement le courage d’assumer tout ce qu’il sait »), l’auteur assume ce courage et cet engagement : « Quel sens y a-t-il à consacrer sa vie au savoir si l’on ne peut, au moment du danger, élever un peu la voix ? »

Ce livre est donc un livre important. Néanmoins, sans doute parce que c’est un recueil d’articles, il gravite autour d’un vide central : la thèse selon laquelle nos concepts économiques proviennent du christianisme latin, et notamment d’Augustin, et surtout de sa doctrine du péché originel reste à étayer plus radicalement. Rappelons que Lynn White lui-même se heurtait à un problème énorme : si l’on attribue au christianisme comme tel le déploiement de la technique et de l’exploitation du monde, pourquoi les grandes découvertes et l’essor de l’économie capitaliste ont-ils eu lieu en Occident, et non dans l’Empire byzantin, dans l’Orient chrétien ? Sa réponse était un peu courte : l’Orient se serait consacré à la contemplation, et l’Occident à l’action. Car il fallait encore expliquer la raison de cette différence. En suggérant que c’est l’augustinisme, et notamment la doctrine du péché originel, S. Piron ouvre la voie à une réponse plus circonstanciée. Mais il suggère plus qu’il ne prouve, et il donne honnêtement des arguments allant en sens contraire : 1. Si l’homme a été créé pour travailler, c’est une destinée qui lui incombe depuis le paradis terrestre, ce n’est donc pas lié à la doctrine du péché originel. 2. Les textes qui incitent l’homme à une occupation serrée de son emploi du temps viennent déjà de saint Paul (autorité commune à l’Orient à l’Occident), et sont attestés surtout chez les Pères du désert (donc dans le domaine grec et syriaque). 3. Curieusement, les études sur Adam et Ève prennent fort peu en compte la différence entre la vie paradisiaque et la chute. Or celle-ci est décisive. Bien des auteurs médiévaux, et surtout les Franciscains que S. Piron connaît si bien, insistent sur le fait que la propriété, la servitude, l’autorité politique n’apparaissent qu’après le péché originel. Il y a là une rupture majeure, et S. Piron pourrait y trouver des textes en faveur de son interprétation. 4. S. Piron insiste, à juste titre, sur l’idée que l’agent économique doit être pensé métaphysiquement comme un agent autonome, doté d’un libre arbitre, une théorie qui s’esquisse au cours du XIIIe siècle, et à laquelle Pierre de Jean Olivi donne ses lettres de noblesse. Mais, précisément, cette affirmation de la liberté suppose l’occultation de la doctrine du péché originel. Or Olivi se réclame ouvertement de thèses pélagiennes. Mais dans ce cas, la fondation de la pensée économique occidentale sur la théorie augustinienne du péché originel (qui rend impuissante la liberté) est discutable… C’est peut-être une doctrine post-augustinienne, mais elle n’est pas totalement fidèle à Augustin.

À propos de la domination de l’homme sur la création (comme jardinier d’Éden) S. Piron élimine un peu rapidement l’idée que l’homme soit un « intendant ». Or, pour de grands théologiens comme Wyclif, notamment dans son De dominio divino, l’homme n’est que l’intendant (dispensator), le serviteur ou le bailli (minister vel ballivus) de Dieu (III, 1, p. 250, 255). C’est sans doute la meilleure définition de l’homme entre Dieu et le reste de la création. De plus, il me semble que le tableau est moins noir et plus complexe que ne le dit L. White : si, selon la Genèse, la domination de l’homme consistait à veiller sur un jardin de délices, et même si le travail s’est changé en peine à la suite du péché, au Moyen Âge cette domination n’était pas encore pensée comme une exploitation, et moins encore une destruction physique. D’autres médiations ont été nécessaires, qui doivent peut-être à l’histoire matérielle, avant qu’on n’aboutisse à la terrible métaphore du Tour du monde en 80 jours, où Phileas Fogg, pour arriver plus vite, brûle dans sa chaudière le bateau sur lequel il se trouve. – Par ailleurs, une étude systématique de l’histoire des interprétations de l’expression « maître et seigneur » reste à entreprendre.

Mais ces objections ne diminuent en rien les grandes qualités de l’ouvrage. Il ne sera plus possible désormais d’ignorer que les théories économiques modernes s’enracinent dans une histoire longue et dans une anthropologie religieuse : celle de l’homme capable de don, de l’homme déchu après la chute, mais aussi de l’homme en quête de rédemption.

Olivier BOULNOIS

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Pour citer cet article : Sylvain PIRON, Généalogie de la morale économique. L’occupation du monde, t. 2, Le Kremlin-Bicêtre, Zones sensibles, 2020, 448 p., in Bulletin de philosophie médiévale XXIII, Archives de philosophie, tome 85/3, Juillet-Septembre 2022, p. 221-240.</p