Auteur : Stany Mazurkiewicz

Wilhelm LÜTTERFELDS, Dialektik als Sprachspiel, éd. Johanna Lütterfelds et Ursula Aigner-Lütterfelds, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2020, 290 p.

L’auteur, ancien professeur de philosophie à l’Université catholique de Linz, n’a malheureusement pas eu le temps de préparer ce texte pour la publication, et c’est sa famille proche qui s’en est chargé. Aussi est-ce un manuscrit que nous avons ici sous les yeux, ce qui explique que la progression dans la lecture ne soit pas toujours facile, et on peut tout aussi bien aborder les chapitres comme des textes autonomes. Il s’agit en effet d’une succession de chapitres thématiques, souvent courts, fort bien informés de la philosophie de Hegel qu’ils commentent, mais aussi de celle de Wittgenstein qu’ils utilisent à titre herméneutique : car c’est bien, comme le titre de l’ouvrage le laisse entendre, de ces deux protagonistes qu’il est question dans ce texte. La volonté de l’auteur semble être de systématiser une lecture « wittgensteinienne » de la philosophie de Hegel, s’inscrivant ainsi dans un sillon d’analyse de la philosophie hégélienne occupant désormais une place reconnue. La dialectique hégélienne est dès lors comprise comme une forme de « jeu de langage » notamment dans la mesure où la théorie hégélienne de la proposition spéculative est relue comme une analyse pragmatique des usages qui ont lieu dans la langue naturelle. À ce titre, nombre de questions autrefois classiques dans les études hégéliennes sont transformées en des questions qui sont celles de la philosophie de Wittgenstein. C’est ce que pourrait reprocher à l’auteur un hégélien plus classique : donner trop à Wittgenstein et reconduire de manière systématique la pensée de Hegel à des problèmes qui sont ceux du philosophe autrichien et que l’on suppose implicites chez Hegel, tout en ne citant, par ailleurs, pour ainsi dire jamais Wittgenstein, ce qui rend le propos parfois difficile à situer pour qui n’est pas spécialiste de la pensée wittgensteinienne. Toutefois, et précisément pour cette raison, tout hégélien y trouvera à coup sûr matière à réfléchir sur des textes qu’il connaît bien.

Stany MAZURKIEWICZ (Université de Liège)

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Pour citer cet article : Wilhelm LÜTTERFELDS, Dialektik als Sprachspiel, éd. Johanna Lütterfelds et Ursula Aigner-Lütterfelds, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2020, 290 p., in Bulletin de littérature hégélienne XXXI, Archives de philosophie, tome 84/4, Octobre-Décembre 2021, p. 141-180.

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Wolfgang NEUSER & Pirmin STEKELER-WEITHOFER (Hrsg.), Natur und Geist, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2016, 266 p.

C’est d’une rencontre du « internationaler Arbeitskreis zu Hegels Naturphilosophie » que ce volume, comme plusieurs autres avant lui dans la même collection, est issu. L’ouvrage rassemble pas moins de quatorze contributions, toutes en allemand, sauf une rédigée en anglais. Celles-ci représentent un équilibre cohérent entre des philosophes hégéliens confirmés et reconnus (citons en particulier R. Wahsner et D. Wandschneider, en plus des deux éditeurs) et de plus jeunes chercheurs, dont l’objet de recherche principal n’est pas toujours la pensée de Hegel.

Par ailleurs, le sujet choisi – « nature et esprit » – permet un brassage thématique très large. L’accent est clairement mis sur une confrontation de la philosophie hégélienne avec un certain nombre de discours contemporains, philosophiques mais aussi et surtout scientifiques. C’est le parti pris réussi de l’ouvrage ; à l’exception de Schelling, on trouvera peu de références au contexte des œuvres hégéliennes. Les auteurs semblent ainsi poser la question : que nous donne à penser, aujourd’hui, la philosophie hégélienne ? Par là, et c’est un mérite certain du livre, les auteurs tentent d’en pointer à la fois les indéniables mérites, mais aussi d’en problématiser les limites, tout aussi indéniables.

On pourra par exemple commencer par s’étonner de voir D. Wandschneider utiliser la notion de système (au sens hégélien) pour penser la perception sensorielle sur le mode de l’émergence. De même, dans un article court mais aux nombreuses références scientifiques, S. Roterberg met en lumière une homologie structurelle remarquable entre la logique hégélienne du concept et nos connaissances dans le domaine de l’embryologie. Pour sa part, S. Lange fait de Hegel un penseur de l’histoire et de la raison dans son caractère historique, capable de fournir un cadre de pensée cohérent où inscrire l’idée de « programmes de recherche » avancée par l’historien des sciences Imre Lakatos. Les articles restants traitent de sujets aussi variés que la psychiatrie, le corps, la vision, ou encore la liberté. Voici donc un ouvrage qui devrait intéresser tous ceux qui entendent croiser système hégélien et science(s).

Stany MAZURKIEWICZ (Université de Liège)

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Pour citer cet article : Stany MAZURKIEWICZ, « Wolfgang NEUSER & Pirmin STEKELER-WEITHOFER (Hrsg.), Natur und Geist, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2016 » in Bulletin de littérature hégélienne XXVII, Archives de Philosophie, tome 80/4, Octobre-décembre 2017, p. 773-802.


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