Auteur : Steven Le Breton
Camille DUJARDIN, Mill, libéral utopique. Actualité d’une pensée visionnaire, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 2022, 398 p.
L’ouvrage de Camille Dujardin, issu d’un récent travail de thèse, propose une vision panoptique des différents aspects du libéralisme de Mill, ainsi qu’une défense élogieuse et engagée de celui-ci. Ce livre très clair et accessible au non-spécialiste, nous fait connaître la portée réformatrice de la pensée d’un grand auteur engagé trop méconnu en France, par la lecture transversale d’une œuvre foisonnante, et nous permet de penser avec lui les conditions de possibilité du libéralisme.
Un tel ouvrage était nécessaire à au moins trois titres : tout d’abord, John Stuart Mill n’est pas un auteur incontournable dans les études philosophiques françaises et les recherches universitaires sur lui sont encore balbutiantes. Cette sous-estimation constitue une anomalie au regard de l’influence de Mill sur son siècle et de son importante postérité, notamment en philosophie morale et politique, mais aussi au regard de l’actualité de ses analyses, qui en font un pionnier de certains combats contemporains, qu’il s’agisse de l’égalité des chances, de la laïcité, de l’écologie ou du féminisme.
Deuxièmement, l’ouvrage a une ambition plus large que d’être une simple monographie exposant les différents aspects du libéralisme millien. Il est politique et explicitement engagé, marqué comme l’était Mill par une inquiétude face aux crises morale, spirituelle, politique de l’époque, voulant trouver chez l’auteur de quoi « rénover » et « réenchanter le libéralisme » en le rendant à nouveau « désirable ». Dans une conclusion élogieuse et enthousiaste, cet homme exemplaire est qualifié par l’autrice de « saint patron de notre modernité », en référence à une expression de Gladstone qui considérait Mill comme « le saint du rationalisme. ». L’admiration envers un auteur n’empêche pas la précision de l’analyse et l’érudition, voire la critique, cet ouvrage le montre, tout comme d’ailleurs les monographies de Mill lui-même, à propos des penseurs qui l’avaient inspiré.
Troisièmement, l’essai défend la cohérence du libéralisme de Mill. Comme le souligne l’autrice, le corpus millien est foisonnant, constitué de chroniques, d’articles, d’essais, d’ouvrages, de commentaires et recensions, de monographies, de discours au parlement ou en tant que recteur d’université. Celui qui, à la suite d’une éducation exceptionnellement précoce et exigeante, fut sans doute l’un des derniers grands penseurs polymathes, a écrit sur la logique, la psychologie, l’épistémologie, la morale, la politique, la religion, l’économie, l’Histoire, la poésie… Au sein de ce foisonnement, les études trop spécialisées, ou se focalisant sur un seul aspect du corpuspeuvent donner une vision tronquée voire biaisée de la pensée millienne, ou en amoindrir la portée, celle d’une transformation globale de la société. C. Dujardin écrit en ce sens que : « De manière générale, alors que des extraits choisis de son œuvre sont relayés avec constance depuis bientôt deux siècles, sa théorisation de la nature et des réquisits du progrès humain semble n’avoir jamais été mise à profit dans son souci distinctif de globalité. Bien au contraire, l’exhaustivité de ses centres d’intérêt, sa pensée de l’interconnexion et son esprit d’ouverture paraissent l’avoir disqualifié dans des logiques partisanes, comme dans des études académiques strictement cloisonnées » (p. 316).
Pour aller dans le même sens, notons que les commentateurs de l’œuvre de Mill ont en outre proposé des interprétations différentes voire antagonistes de son libéralisme, ce qui contribue à rendre cet auteur insaisissable et autorise – mais en apparence seulement – à parler de plusieurs Mills. Certains comme R. Ogien y voient le champion du minimalisme éthique dont le fondement est le fameux principe de non-nuisance à autrui ; non sans raison, mais Mill n’y réduit pas la vie morale et défend ardemment l’idée que le perfectionnement de soi n’est pas sans retentissement sur la communauté. F. Von Hayek, l’un des principaux théoriciens du néolibéralisme, puise dans l’essai De la liberté de quoi critiquer toute forme de paternalisme et de contrôle de la société sur l’individu, à juste titre certes, mais le souci millien de la justice sociale montre qu’il n’est pour autant guère récupérable par les apôtres de la déréglementation et du laisser-faire économique.
C. Dujardin préfère ainsi parler à propos de Mill d’un compromis « libéral-socialiste ». Tout à l’inverse de ces tentatives de récupération minimalistes ou néolibérales de Mill, une partie des commentateurs met l’accent sur d’autres aspects moins évidemment libéraux et moins connus de la pensée millienne : sa proposition, inspirée d’Auguste Comte, d’une religion de l’humanité supposant la réhabilitation d’une forme de sacralité collective et une éducation morale exigeante et précoce ; l’influence d’auteurs conservateurs tels que Coleridge, comme lui hostile aux changements brutaux et au projet de faire table rase du passé ; ou des emprunts difficilement compatibles avec le libéralisme tels que la conception de l’état organique de la société selon Saint-Simon. C. Dejardin évoque aussi en introduction les détracteurs pensant voir une dissonance entre « la recherche disciplinée du bonheur » que propose L’Utilitarisme, et l’appel à l’originalité et au pluralisme des modes de vie de De la liberté. Une telle critique sous-entend que le bonheur doit rester une affaire privée et qu’en faire une affaire sociale et politique risque de mener à une prise en charge paternaliste de nos existences, que l’utilitariste ne pourrait critiquer sans incohérence. A-t-on donc affaire avec Mill à un penseur travaillé par des orientations contradictoires et proposant des mésalliances philosophiques contre nature, ou à un génie de la synthèse ? Cela pose la question de la cohérence de son libéralisme. Il se pourrait que les orientations religieuses, sociales, conservatrices et eudémonistes d’un auteur résolument libéral ne soient pas incompatibles avec le libéralisme mais en soient au contraire la condition. L’autrice soutient justement que la quête du bonheur, qui passe chez Mill par le déploiement de nos facultés les plus hautes – la sensibilité, l’intellect, les sentiments sociaux et un sens de notre propre dignité – est non seulement compatible avec le libéralisme, mais ce qui lui donne sens. Pourquoi en effet vouloir être libre, si ce n’est pour être plus heureux et accomplir son potentiel propre ? L’essai de C. Dujardin se propose donc de ressaisir la cohérence d’ensemble de la pensée millienne en montrant que, loin d’être en porte-à-faux avec lui-même, Mill est au contraire l’homme de la synthèse, qui a su concilier le meilleur du libéralisme, « le meilleur du socialisme » et « le meilleur du conservatisme ». Mill a en effet été attentif aux conditions sociales, morales, anthropologiques, éducatives, culturelles et institutionnelles d’un libéralisme à la fois cohérent et désirable, et les influences hétéroclites qui le singularisent l’ont mené à dépasser la matrice du radicalisme politique dont il est issu et l’utilitarisme trop étroit de son maître Bentham. L’éparpillement de la pensée de Mill n’est donc qu’apparent. Mill a ainsi emprunté à Coleridge, auquel il consacra un essai en 1840, un certain éclectisme méthodologique, consistant à s’approprier et à refondre dans sa propre pensée les « demi-vérités » rencontrées dans les théories divergentes (en l’occurrence, conservatrices ou socialistes) pour consolider, nuancer et compléter sa propre doctrine.
Pour nous faire comprendre la singularité du libéralisme de Mill, Camille Dejardin explique dans la première partie de son livre en quoi cet esprit ouvert qui se situe volontiers « à la croisée des mondes » est à la fois « libéral, et socialiste, et quelque peu conservateur » (p. 34) ; elle met ensuite en lumière ce qu’elle estime être la dimension utopique du libéralisme millien, et enfin sa pertinence actuelle dans une troisième partie. L’idée qui se dégage finalement est que la force de Mill est de montrer qu’une conception exigeante de la liberté de l’individu doit non pas rompre, mais composer harmonieusement avec l’humanité passée, présente et future, et avec la nature.
Le libéralisme de Mill, conscient des dérives d’une liberté sans cap ni mesure, contiendrait donc les remèdes à ses propres pathologies qui sont aussi celles de notre siècle. Nos démocraties libérales traversent en effet une époque critique et doutent d’elles-mêmes : d’un côté, l’idéal de liberté individuelle, d’autodétermination face aux assignations de naissance, la protection des individus des abus de pouvoir par le biais de la loi, la possibilité d’échapper à la soumission, à une tradition ou à une religion hégémonique sont presque unanimement perçus comme des acquis précieux et un progrès de civilisation. De l’autre, les pathologies et les dérives du libéralisme sont nombreuses. Les principales sont au cœur des analyses de C. Dujardin : l’accroissement des inégalités, les effets délétères du consumérisme et l’obsession de la croissance économique sur l’homme, le travail et l’environnement, une certaine atomisation du corps social en individus repliés sur leur sphère privée et sur leur bien-être ; une certaine « anarchie intellectuelle » (l’expression est de Mill) de sociétés d’individus censés être libres de leurs opinions et de questionner les autorités, mais qui faute des outils de l’esprit critique n’en sont pas moins crédules ; un sentiment de désaffiliation communautaire lié à des valeurs universelles trop abstraites ; enfin, le dévoiement de la tolérance du pluralisme moral et religieux en communautarisme ou en relativisme. Est-ce à dire qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain libéral, renoncer à ce qu’il y a de précieux dans le libéralisme au motif qu’« une version altérée » de celui-ci, c’est-à-dire sa forme néolibérale, plus économique que morale et politique, a fini, comme l’écrit l’autrice, par « se retourner contre ses propres principes » et s’éloigner du souci du bien commun ? C. Dejardin répond par la négative en faisant de Mill le penseur de la régulation et de l’autolimitation du libéralisme contre ses propres dérives : « Contre le libéralisme de la réussite monadique de l’entrepreneur et du self-made-man, contre le libéralisme de la prédation du financier ou contre celui de la concurrence identitaire des sensibilités exacerbées, il [Mill] nous permet de concevoir un libéralisme de la construction personnelle et de l’engagement altruiste de l’individu citoyen. Contre la radicalisation du laisser-faire du marché et des droits, un libéralisme confiant dans la capacité de faire d’agir des êtres humains. C’est en quoi il contribue à le réenchanter » (p. 30).
Mill est un penseur de la limite, donc un penseur « pour notre temps ». La plupart des pathologies du libéralisme étaient en effet déjà présentes au début du XIXe siècle et Mill les avait identifiées dès 1831, notamment dans une série d’articles parue dans The Examiner sous le titre « L’esprit du temps » (« The spirit of the age ») ; une acuité que sa lecture de Tocqueville et sa recension de De la démocratie en Amérique n’ont fait que renforcer par la suite. Sans jamais ignorer les différences entre l’époque actuelle et le contexte post-révolutionnaire, l’actualité de Mill et le caractère engagé des analyses de Camille Dejardin se justifient par une concordance des temps et une analogie des problèmes : « Le jeune XXIe siècle [estime l’autrice] entretient en effet avec la période d’interrogations, d’ambiguïtés et de reconfigurations que fut le XIXe siècle, bien davantage qu’avec le XXe siècle ». C. Dujardin s’attarde notamment sur les aspects écologiques de la pensée de Mill, qui avait anticipé l’impasse d’une croissance économique sans limites au sein d’une nature aux ressources limitées, et la nécessité d’une régulation de la natalité. L’industrialisation galopante lui faisait redouter l’avènement d’un monde excessivement peuplé, urbanisé et domestiqué. Influencé par le romantisme, il était persuadé que les mouvements spontanés de la nature et sa grandeur inspirent à l’homme les pensées les plus salutaires, et que si sa contemplation solitaire devenait impossible, l’expérience humaine s’en trouverait appauvrie. S’appuyant sur les Principes de l’économie politique, C. Dejardin en fait le pionnier de la « stady state economy » (économie de l’état stationnaire), dans le sillage du Rapport sur les limites de la croissance de 1972 des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Donella et Dennis Meadows et Jorgen Anders, qui font eux aussi de Mill une figure tutélaire. Plus fondamentalement, c’est le désir démesuré de croissance lui-même qu’il faut limiter. En plus des influences romantiques, Mill est l’héritier d’une sagesse antique qui prône la tempérance et la maîtrise de soi. Lecteur et commentateur du Gorgias, il sait qu’être libre ne saurait consister à « faire ce que l’on veut » : confondre liberté et licence nous mène à être les tyrans d’autrui, de la nature et les esclaves de nos caprices ; d’autre part la volonté n’est pas libre d’emblée, mais le produit d’influences extérieures ; il faut du temps et des expériences suffisamment variées pour savoir ce que l’on veut vraiment, et ainsi se forger un caractère singulier.
La culture et l’élévation morale de l’individu, chères à Mill, sont logiquement au cœur du livre. Mill avait observé que la société démocratique naissante donnait lieu à une certaine médiocrité et un certain conformisme moral d’individus n’ayant d’autre horizon que le bien-être, le confort et la réussite matériels, et n’envisageant le travail et la vie sociale que dans cette optique. Mill n’appelle pas de ses vœux une société d’individus repliés sur eux-mêmes, dont la seule revendication politique serait la protection de droits, se créant « une petite société à leur usage » et laissant « la grande société à elle-même » pour paraphraser Tocqueville. Les rapports sociaux ne sauraient se réduire à l’intérêt bien compris, à la défense des « libertés négatives » et à l’impératif de ne pas nuire à autrui. Au contraire, explique C. Dejardin, la conception millienne de l’individualité « est en elle-même un idéal, non pas un narcissisme, non plus que l’encouragement d’égos susceptibles envieux, ou souffrant ou soucieux de satisfactions privilégiées et de garanties juridiques les uns contre les autres ; mais l’appel à l’effort d’une construction indéfinie d’une subjectivité riche, cultivant ses qualités propres et capable de les mettre au service de la communauté dans une démarche politique. Ce faisant, elle engage une vision précise de la culture et de l’éducation » (p. 17). Sur le plan économique, Mill proposait des correctifs au libéralisme : par exemple, imposer davantage les rentes liées au patrimoine que les revenus de l’activité productive. Si les inégalités sont issues d’une véritable égalité des chances, elles seront davantage acceptées. Si Mill s’est certes montré hostile à tout égalitarisme décourageant l’effort, l’initiative, le dépassement de soi et l’émulation, C. Dejardin rappelle son enthousiasme face aux expériences d’économie coopérative tentées durant la révolution de 1848 en France : les travailleurs s’associent et apportent chacun une part de capital, élisent démocratiquement un manager révocable, ce qui aurait pour effet d’éviter l’exploitation salariale au sein de l’entreprise, permettrait au travail de demeurer le lieu d’une socialisation solidaire et de l’accomplissement humain, sans abandonner les bons effets de la concurrence entre les entreprises. La liberté ne devait pas être pour Mill la liberté de quelques-uns, ni limitée à une élite, ni décorrélée du souci du bien commun. Pour que tout le monde soit libre, il faut bien lutter contre les inégalités qui ne sont pas le reflet du travail, de la compétence ni du talent. L’autrice parle ainsi à propos de Mill d’un « égalitarisme du potentiel » (p. 131) qui ne s’oppose pas à l’excellence ni à l’existence d’une élite, mais donne à chacun les moyens de tendre vers cette excellence. Ce qui passe par l’engagement de Mill en faveur d’une éducation pour tous, nationale, séculière – c’est-à-dire non religieuse sans être hostile aux religions–, ouverte aux enfants des classes laborieuses. Il voyait dans l’éducation publique humaniste complète la condition de l’extension future du suffrage aux classes défavorisées. C’est d’ailleurs sur la question de la nature de l’utile, donc aussi de ce qu’il est utile d’apprendre à l’école, qu’il se démarque le plus de Bentham dont les projets éducatifs essentiellement tournés vers la formation de futurs producteurs ignoraient selon lui les dimensions spirituelle et morale essentielles à l’éducation du futur homme citoyen. Sans oublier la culture esthétique : Mill pense que l’art et l’art de vivre se rejoignent par le souci de l’achèvement, du perfectionnement et de la cohérence. Un projet résolument éloigné du sens ordinaire et devenu péjoratif du terme « utilitarisme ». Comme l’écrit C. Dejardin : « Or Mill critique ouvertement cette tendance à faire de l’économie l’alpha et l’oméga de la vie humaine. À ses yeux c’est ignorer ce qui constitue la partie à la fois la plus discrète, la plus diffuse, mais aussi la plus déterminante de l’existence : l’imprégnation des individus et des groupes sociaux par des représentations mentales et par leur croyance en un principe moral supérieur, un “Bien” transcendant orientant leur considération de justice matérielle » (p. 138).
Mill, penseur utopique ? Le titre de l’ouvrage n’entend pas rattacher Mill au genre philosophique et littéraire de l’utopie. Cela serait pour le moins discutable. D’abord parce que les sociétés idéales que sont les utopies sont imaginées dans une certaine abstraction historique et géographique. Mill pense au contraire les transformations sociales en fonction de l’histoire, des particularités et de la maturité des peuples : le lieu du progrès n’est jamais chez lui le « lieu de nulle part ». Ensuite, l’organisation précise et tatillonne, parfois uniforme, de la vie humaine que proposent les utopies est étrangère à sa pensée. Enfin, Mill n’entend pas façonner un « homme nouveau », mais plutôt penser les conditions dans lesquelles l’homme pourrait faire éclore le meilleur de lui-même. Si, malgré cela, C. Dejardin parle d’utopie à propos de Mill, c’est d’une part du fait de sa proximité et de son intérêt pour les expérimentations socialistes utopiques, d’autre part parce que sa pensée est tournée vers l’élévation de l’individu et l’harmonie des rapports humains ; sa pensée du progrès est aussi une pensée de la stabilité et de la cohésion sociales : « Utopique, la pensée millienne l’est par son aspiration à exposer les caractéristiques d’une société harmonieuse dans la perspective de l’accession de l’humanité à un état congruent à sa nature, à ses besoins profonds et donc susceptible d’une pérennité indéfinie » (p. 190).
Ces quelques perspectives n’épuisent pas la richesse de l’ouvrage, qui évoque aussi le problème de la représentation démocratique, du féminisme et de la laïcité. À l’heure où le terme « libéralisme » a souvent mauvaise presse, lire ou relire Mill par le prisme de ce livre peut servir à revivifier l’aspiration à la liberté, toujours susceptible de devenir « un dogme mort » si son sens n’est plus questionné.
Steven LE BRETON
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Pour citer cet article : Camille DUJARDIN, Mill, libéral utopique. Actualité d’une pensée visionnaire, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 2022, 398 p., in Bulletin de philosophie anglaise II, Archives de philosophie, tome 86-2, Avril-Juin 2023, p. 181-221.