EnglishPragmatismes et naturalismes

Perspectives

Tome 87, cahier 2, Avril-Juin 2024

Claude Gautier, Avant-propos

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Rosa M. Calcaterra, Le naturalisme de William James. Du pathos à l’éthos de la contingence

Dans cet article, l’auteur examine le naturalisme de James comme un exemple des intersections entre la biologie, la psychologie et la philosophie. L’article reconstruit les principaux arguments épistémologiques, éthiques et métaphysiques de James pour montrer comment sa philosophie s’inscrit dans la biologie de Darwin. Ainsi, le contingentisme de James devient cohérent avec sa critique de l’interprétation du principe darwinien de la « sélection naturelle » et avec l’idée de Darwin de l’ambiguïté comme marque de la réalité physique et humaine.

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Stéphane Madelrieux, Naturalisme et nature humaine : la théorie pragmatiste des instincts

La question des instincts est une voie d’entrée privilégiée pour le rapport du pragmatisme au naturalisme. Le problème que soulève la théorie des instincts de William James et John Dewey vient du maintien, à première vue surprenant, de l’idée d’une « nature humaine ». Je soutiens que c’est au sein même de la théorie pragmatiste des instincts que l’on trouve des arguments pour montrer que la nature humaine ne détermine pas univoquement la conduite. Bien comprendre la naturalité de l’être humain suffit à défaire toute tentative pour l’ériger en source d’autorité des principes de la conduite.

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Emmanuel Renault, La reconstruction du concept de nature humaine chez John Dewey

La théorie deweyenne de la nature humaine permet de clarifier le sens du naturalisme deweyen ainsi que ses implications politiques. La première partie de l’article analyse la manière dont Dewey défend une conception processuelle, interactionnelle et intégrative de la nature humaine. La deuxième partie analyse la fonction classificatoire du concept de nature humaine et la troisième la manière dont Dewey attribue une fonction explicative à ce concept en discutant les références politiques conservatrices ou progressistes, voire révolutionnaire, à la nature humaine.

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Claude Gautier, Conduites de valuation chez John Dewey. Du biologique au politique

En partant principalement de la Théorie de la valuation [1939], il s’agira, d’une part, de rappeler les principaux contours de la théorie des valeurs chez Dewey en insistant sur le fait que celle-ci relève pleinement de l’analyse empiriste – contre la position de l’empirisme logique incarnée ici par A. Ayer – et, d’autre part, qu’elle permet, de manière originale, de reconstruire le continuum du biologique au social. Il s’agira de montrer qu’une « politique des valeurs » est possible parce que leur naturalisation, c’est-à-dire leur ancrage dans les désirs et les intérêts en permet la discutabilité. La tension entre nature et histoire délimite alors un espace propre à la critique des valeurs.

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Guido Baggio, Naturaliser le langage : la sémiotique évolutionniste de G. H. Mead

En partant de la théorie des émotions développée par Mead et Dewey dans les années 1890, les aspects centraux de la théorie gestuelle de Mead, qui sous-tend sa théorie de l’émergence de la signification, du langage et de la cognition humaine, seront mis en évidence. L’article souligne, en outre, comment la théorie de Mead s’inscrit dans une perspective socio-biologique sur la naturalisation du langage qui gagne en intérêt aujourd’hui, notamment dans le domaine des théories évolutionnistes du langage et parmi les neuroscientifiques.

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Baptiste Cornardeau, Joseph Margolis et la fragilité du monde humain

Hybride et émergent, artéfactuel et culturel sans cesser d’être naturel, le monde humain tel que l’entend Joseph Margolis est aussi, en cela même, dans ses différentes dimensions, un monde fragile, instable et en perpétuelle reconstruction. Les enquêtes scientifiques et philosophiques ne peuvent en effet s’affranchir d’une condition d’impermanence où le flux l’emporte sur la fixité, ni s’émanciper d’un horizon de discours symbiotique ancré dans le langage ordinaire. Métisses et solidaires d’un monde médian conversationnel, les langues humaines répondent également, dans leur indétermination même, aux exigences de formes de vie partagées et changeantes. Les personnes humaines enfin, enculturées et enlangagées, restent inscrites dans un monde Intentionnel et historique, qu’elles s’incorporent et transforment.

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Joseph Margolis, La fonction métisse du langage ordinaire. Traduction inédite

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Sabina Tortorella, L’obligation politique chez Hegel

L’article soutient l’hypothèse que, loin de récuser la question de l’obligation politique, Hegel présente cette notion à nouveaux frais en s’appuyant sur la notion de Gesinnung. À travers une lecture croisée dans les Principes de la philosophie du droit de l’introduction à l’éthicité et de certains paragraphes consacrés au droit étatique interne, l’article se penche sur les concepts de droiture et de patriotisme, ce dernier représentant la véritable disposition politique. Dans le sillage de l’interprétation institutionnaliste de Hegel, le propos de cette étude est de mettre en relief les affinités entre la conception hégélienne et la théorie associative de l’obligation.

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Alain Deligne, L’Itinéraire philosophique du jeune Eric Weil. Hambourg – Berlin – Paris (by Jean-Michel Buée)

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Dominique Pradelle, Être et genèse des idéalités. Un ciel sans éternité (by Baptiste Protais)

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Bulletin de philosophie anglaise III

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Dans sa dernière parution, Archives de philosophie se tourne une fois encore vers les États-Unis, en particulier vers la riche et féconde sphère des pragmatismes. Car il y a un esprit propre à cette région du monde, dans laquelle la création de nouveaux États s’accompagne d’une profonde aptitude à déchiffrer les événements à partir d’une fine et claire intelligence des philosophies politiques contractuelles et libérales des XVIIe et XVIIIe siècles européens.

Ce même esprit anime, pour une part, un John Dewey voyant dans le parcours progressif de la conscience hégélien une évolution au sens biologique du terme, plus précisément au sens darwinien.

Son geste pragmatique, prolongé par William James, George Mead ou Joseph Margolis, contribue à donner une figure nouvelle à la philosophie, unissant sciences humaines et sciences de la nature.

Le dossier « Pragmatismes et naturalismes. Perspectives » coordonné avec finesse, pédagogie, exigence didactique et scientifique par Claude Gautier, réunit six articles informés, rigoureux, précis. L’une de ses qualités éclatantes est de mettre en lumière, justement parce que cela relève de l’essence même des pragmatismes, la beauté et la valeur de ce qui est cruellement absent de nos jours : la conversation ou le dialogue entre ce qui, d’évidence ou par idéologie, ne semble pas pouvoir s’y prêter.

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