EnglishPour un bergsonisme élargi

Perspectives métaphysiques et scientifiques

Tome 88, cahier 2, avril-juin 2025

Éditorial

Thomas Bourdier & Thomas Detcheverry, Avant-propos

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Thomas Bourdier, Bergson et la question du réalisme. Inférence métaphysique et empirisme critique

Dans cet article, je propose de reconstruire les dispositifs argumentatifs utilisés par Bergson pour fonder son réalisme métaphysique. En particulier, j’interroge la possible tension entre ce réalisme et la méthode purement empiriste revendiquée par Bergson. Je suggère qu’on trouve chez lui une articulation entre deux stratégies complémentaires. D’une part, une stratégie dite d’« inférence à la meilleure explication » qui adopte le réalisme comme une hypothèse probable étant donné un certain nombre de faits d’expérience ; d’autre part, une stratégie fondée sur une généalogie empiriste du concept de « réalité », qui en opérant un partage du sens et du non-sens, aboutit à la dissolution du problème.

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Paul-Antoine Miquel, Devenir et spiritualité dans la métaphysique de Bergson

Dans le début de L’Évolution créatrice, Bergson développe une analogie entre la conscience humaine et la vie spirituelle dans l’univers. L’argument de cet article est qu’une telle analogie n’est possible qu’à une double condition. La première est que le philosophe a besoin de la science pour sortir du monde de la conscience. Il n’est donc plus possible de séparer radicalement expérience métaphysique et expérience scientifique. La deuxième est que l’esprit se définit par la différence entre son être et son agir. C’est à ce titre, qu’« il tire de lui-même plus qu’il n’a ». Voilà pourquoi il est toujours à la fois spiritualité et matérialité, selon une logique non standard de polarisation interne.

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Stéphane MadelrieuxBergsonisme de droite, bergsonisme de gauche et bergmatisme

Cet article présente trois manières d’hériter de la pensée de Bergson, en défendant l’intérêt d’adopter la troisième, appelée d’un mot-valise entre bergsonisme et pragmatisme, le « bergmatisme ». Il marque d’abord les différences entre les deux premières, le « bergsonisme de droite » et le « bergsonisme de gauche », dont l’examen des présupposés communs permet ensuite d’introduire au bergmatisme comme alternative. Ce bergmatisme étant un programme philosophique autant qu’une manière de lire Bergson, il est ici présenté sous forme narrative plutôt qu’analytique, en imaginant à quoi aurait ressemblé l’œuvre de Bergson s’il avait été bergmatiste.

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Mathilde Tahar, Élan vital et conscience du vivant. Penser la créativité non-humaine à partir de la philosophie bergsonienne

Bergson, pour penser l’évolution, développe le concept d’élan vital, qu’il compare au progrès d’une conscience. Cette comparaison a conduit les commentateurs à faire une interprétation spiritualiste de la philosophie bergsonienne, qui a contribué à son discrédit. La référence à la conscience est cependant d’abord heuristique : elle permet de penser la créativité de la durée biologique, dont notre conscience n’incarne qu’un cas particulier. Ici, nous étudions les autres particularisations de l’élan vital – les consciences non humaines – pour montrer que la philosophie de Bergson, loin de se cantonner à un spiritualisme dépassé, offre des pistes fécondes pour la biologie contemporaine.

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Thomas Detcheverry, Deleuze, lecteur bergsonien de Spinoza et Leibniz : durée et liberté

L’objectif de cet article est de montrer comment, en réconciliant Bergson avec Spinoza et Leibniz, Deleuze entend affranchir l’éthique bergsonienne de son dualisme spiritualiste tout en conservant sa fondation dans une métaphysique du devenir. Non seulement la réception deleuzienne de Bergson fonde une interprétation originale du rapport entre le bergsonisme et la philosophie classique, différente de celle que Bergson propose lui-même ; mais en outre, cette relecture historique ouvre la voie à l’invention contemporaine d’une éthique néo-bergsonienne alternative.

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Pierre Fasula, Un animal normatif. Norme et forme de vie dans une perspective wittgensteinienne

Pourquoi obéir à une norme, en quoi consiste la normativité, quelle est enfin l’origine de la normativité ? La notion wittgensteinienne d’« animal normatif », et notamment de critiquer l’idée d’une émergence des normes, développée entre autres par Maurizio Ferraris.Un statut de norme est conféré à un acte ou à une pratique, et la réalité nous fournit des raisons de suivre ou non cette norme. Elle permet par ailleurs de critiquer l’explication de l’existence des normes par notre forme de vie, comme le fait Christine Korsgaard : il s’agit en réalité de relocaliser les normes dans nos formes de vie, d’en faire un trait de notre forme de vie.

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Emmanuel Chaput, Critique de la métaphysique du sujet chez Karl Löwith et Martin Buber. « Zurück zu Feuerbach ! »

Au cours des années 1920, nous assistons de manière presque simultanée mais indépendante, à la réhabilitation du rapport « Je-Tu » chez des auteurs aussi différents que Karl Löwith issu de la tradition phénoménologique et Martin Buber, théoricien d’une « philosophie de la rencontre ». Cette réhabilitation s’articule autour d’un retour à la pensée de Ludwig Feuerbach. Le présent texte s’intéressera à ce geste de retour et de réinterprétation de l’héritage feuerbachien à la lumière d’un même constat, celui d’une métaphysique du sujet en crise et appelant à son dépassement.

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Pierre Duval, Chomsky-Foucault : débat tronqué. L’autocontradiction performative, pointée puis cachée

Cet article retrace l’histoire de la controverse éditoriale du débat de 1971 entre Noam Chomsky et Michel Foucault, portant sur la « nature humaine ». Nous indiquerons des disparités notables entre l’enregistrement vidéo et les versions publiées de la discussion, disparités dont ni le lecteur ni même N. Chomsky n’ont été informés. Il s’agit en certains endroits de réécritures in extenso de prises de parole de Foucault, menant régulièrement à de lourds problèmes de compréhension de la discussion, que l’article se propose de commenter.

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Mathilde Tahar, Du finalisme en biologie. Bergson et la théorie de l’évolution (par Tobias Endres)

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Jean-Michel Durafour, Tchernobyliana. Esthétique et cosmologie de l’âge radioactif (par Victor Bougrel )

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Bulletin de philosophie anglaise IV

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